• Ce que je pense

    "Dans la forêt, quand les branches se querellent, les racines s’embrasent"(Proverbe africain)

    «Un roi qui n’écoute pas les sages écoute les courtisans » (Proverbe africain)

     

    P1030884.JPGLe débat politique en cours sur l’éventuelle scission du Congo-Brazzaville nécessite une mise au point de ma part concernant ma vision de la nation congolaise  à construire.

    Ce qu’est la Tribalité ?

     

    La Tribalité définit  le lien social d’un individu à la  tribu à laquelle il appartient. Elle détermine également les relations sociales, économiques et religieuses  d’une tribu avec les autres tribus. Ces rapports se basent sur des valeurs de partage, de respect,  de bon voisinage, de consensus, de justice etc. Elle norme les rapports sociaux afin de construire et consolider le « Vivre ensemble » entre toutes les tribus (ou groupe ethnolinguistiques) sur un territoire donné. 

    Dans l’Afrique précoloniale, les dirigeants géraient leurs États (ou Royaumes) en tenant compte de la Tribalité. C’est ainsi par exemple, que  dans le Royaume Kongo, un système politique ingénieux avait réussit à instaurer  une gouvernance politique par le lien unique et exclusif de la Tribalité à travers le concept du  Kimuntu (1). Dans le Royaume Mandingue en 1255, Soundiata Keita avait réussit à construire l’unité de son  Royaume grâce à une charte (La charte du Manden) qui organisa le principe de gouvernance entre les tribus Malinkés, Bambaras, Peuls, Wolofs, Toucouleurs, etc.

    La Tribalité distinct du Tribalisme est donc ce qui caractérise «l’être socio - culturel» de l’africain. Si le Tribalisme tue la tribu et l’éclosion de l’idée de  nation, au contraire la Tribalité est la « gouvernance politique et sociale » qui va donner vie à la nation. Si le Tribalisme crée de la frustration et du revanchisme de la part de ceux qui se sentent discriminés, la Tribalité va au contraire favoriser le “ vivre ensemble “.

    La nouvelle approche de la Tribalité que j’ai préconisé ne consiste pas en un renfermement sur soi et à un refus de l’évolution ou de l’ouverture à l’extérieur, c’est plutôt une approche qui conduit à faire de nos valeurs intrinsèques la clé de voute de la  construction d’État – Nation qui nous est propre, dans un système pleinement démocratique, qui garantisse un  réel développement économique et social.

    Mon constat. 

    Comme de nombreux pays africains, le  Congo-Brazzaville n’est pas encore une nation. C’est un conglomérat de tribus construit  par la volonté de l’histoire sur un territoire de 342000 km2. Évidemment, au Congo-Brazzaville, chaque tribu se présente comme un acteur politique et revêt une fonction politique.  

    De  plus, La carte d'influence politique, la carte électorale, le poids des leaders politiques dans leurs partis sont fonction du poids démographique ou économique de leur tribu. Les dispositions légales consistant à exiger dans les directoires des  partis politiques la présence des ressortissants de différentes tribus ou de différentes régions, ne sont que du saupoudrage.

    Toute la vie politique du pays  est biaisée par la réalité tribale  accentuant ainsi le lien entre les partis politiques et la tribu.

    Ainsi, la plupart des partis politiques Congolais ont une identité régionale très marquée,  le PCT (2) est essentiellement le parti des tribus  Kouyou et Mbochi. Le MCDDI (2) celui des Laris, L’UPADS (2) est  celui du Niboland   . Le RDPS (2) est majoritairement le parti des Vili-Yombé-Lumbu  et fortement enraciné dans le Kouilou, L’UDR Mwinda (2) est le parti des Kongos du Pool.

    Au Congo-Brazzaville, l’une des « principales idéologies » des partis politiques est la parenté. C’est au nom de cette logique que de façon analogue,  l’ensemble des leaders ou fondateurs de partis ne voient pas leurs formations politiques choisir de façon consensuelle et démocratique, leurs successeurs en dehors du giron familial ou régional.

    C’est ainsi  que Bernard Kolélas a transmis le MCDDI (2) à ses fils, que l’héritage de l’UDR Mwinda (2) est déchiré entre l’un des fils d’André Milongo et un « fils spirituel » ethno-régional , que le cousin (Pascal Gamassa) et l’épouse de Pascal Lissouba se sont emparés de l’UPADS(2), que le RDPS (2) est tenu par un fils du Kouilou Mabio Mavoungou comme son fondateur Thystère Tchicaya  et enfin  que Sassou Nguesso  se prépare à transmettre le pouvoir politique et spirituel à son fils, à l’un des membres de sa famille ou de sa tribu.  

    La tribu est donc une réalité bien vivante, qu’il convient de considérer comme un facteur politique déterminant. C’est pourquoi il importe d’utiliser les principes de la Tribalité pour construire les règles communes qui vont régir l’organisation de la vie entre toutes les entités ethno linguistiques présentent sur le territoire.

    Je suis convaincu que plus d’un demi-siècle d’essai infructueux de construction d’une conscience nationale et faute de pouvoir neutraliser la tribu, nécessite maintenant de construire nos institutions et nos modèles de gouvernance en tenant compte de cette réalité.

    C’est ce qui justifie le concept de Tribalité mis au point pour amorcer la construction d’une véritable unité nationale entre tous les groupes ethnolinguistiques du Congo-Brazzaville.

    Le paradoxe du Congo-Brazzaville.

    Le Congo-Brazzaville se trouve confronté à deux conceptions:

    Celle de Noumazalaye (3) incarné par la logique Sassou (iste), qui se caractérise par un Tribalisme sans cesse croissant et de plus en plus décomplexé, voire arrogant. 

    Et celle  que j’incarne depuis près de trois ans à travers la Tribalité pour ériger une véritable nation équitable et prospère.

    En effet, Ambroise Edouard Noumazalaye constatant en 1959 l’échec démocratique qui occasionna d’ailleurs une première guerre Nord-Sud  s’était exclamé en 1965: « Avec un nord démographiquement faible, comment un fils du nord peut-il arriver au pouvoir ? ».

    En l’absence de solutions réalistes (proposé par ceux qui détenaient alors le pouvoir, les ressortissants du Sud), il semble que le Nord politique  ait répondu à la question par la maxime « Le pouvoir est au bout du fusil ».  C’est cette conception qui semble prévaloir à ce jour.

    Face à cette première conception, je pose  47 ans après l’interrogation de Noumazalaye la question suivante : « Avec un Nord lourdement armé, la corruption et la fraude électorale érigée en institution, comment un fils du Sud ou du Centre peut arriver au pouvoir de façon transparente et apaisée pour le bien de toute la nation congolaise à  construire? »

    Parmi les tenants de la Tribalité,  aujourd’hui deux voies  se distinguent, la première fondée sur deux principes : la mise en œuvre d’une charte ou d’un pacte morale (avec entre autre la transparence dans la gestion publique) et le renouvellement institutionnel (tel que la présidence tournante). Et la deuxième voie portant sur la  scission du pays.

    Ma vision :

    On ne peut soigner une maladie qu’en ayant identifié le mal. Le mal du Congo-Brazzaville est le Tribalisme mais nous pouvons l’extirper, par la Tribalité. Nier le Tribalisme est parfaitement stérile, le défi est d’interpeller nos consciences non pas sur les pesanteurs de ce fléau, mais sur cet inconscient tribal qui souvent oriente nos choix. Il faut reconnaitre que l’européanisation n’a pas conduit à la détribalisation de notre société. L’observation  de  la configuration et du peuplement  des quartiers de Brazzaville en témoigne encore.

    Partant de ce constat, il importe de mettre en place des institutions qui tiennent compte de notre sociologie. C’est en cela que je propose le réaménagement de nos institutions à travers un renforcement de la décentralisation  et surtout  la mise en place d’une présidence tournante entre les 3 zones ethnolinguistiques qui existent au Congo : Les Kongos, les Tékés, les Ngalas.

    Pour  rappel,  la présidence tournante est une pratique en Suisse et aux Comores et qu’elle est également utilisée au niveau supranational par l’union européenne ainsi que par l’union africaine.

    Je crois que sans un ancrage fort dans les valeurs démocratiques (Transparence, État de droit, Indépendance des pouvoirs et des institutions), et la sacralisation des valeurs de la « Tribalité » à travers le Kimuntu (1), le Congo risque de connaître des lendemains difficiles en faisant des tendances politiques les plus extrêmes, la seule option des différents acteurs politiques.

    Parlons de la scission

    Dans mon article intitulé la Tragédie du Sud publié sur MwindaPress, je donnais mon avis sur cette question et elle n’a pas changé. Je disais en substance : « Pour ma part, je crois qu'il est encore possible, avant qu'il ne soit trop tard de construire une nation congolaise une et indivisible incluant les Ngalas et les Kongos. Mon choix est bien celui là car, c’est cette option qui est plus à même de sortir l'actuel Congo-Brazzaville  de l’impasse économique et sociale dans laquelle un clan veut l’enfermer.»

     

    Le Tribalisme, la mauvaise gestion du clan au pouvoir a fait naître dans la conscience des ressortissants du Sud l’idée de la scission. Je comprends leur souffrance, que je partage mais je reste convaincu  comme le disait Romain Rolland «  Un grand peuple ne se venge pas mais il rétablit le droit. ».

    Je suis persuadé que le peuple Kongo a la faculté de pardonner et  trouver des solutions pour favoriser le « vivre ensemble ». C’est sur la base de la Tribalité qu’il peut rebâtir le Congo nouveau dans un élan solidaire avec les  autres groupes ethnolinguistiques.

    Pour l’instant, nous devons privilégier l’obtention d’un consensus national entre les Kongos, Tékés et Ngalas.

    J’appelle d’ailleurs, Denis Sassou Nguesso  et son clan qui portent une lourde responsabilité dans la situation actuelle à œuvrer pour réconcilier véritablement tous les congolais.

    J’appelle également la France notre partenaire historique et stratégique et qui doit le demeurer,  à peser de tout son poids afin d’initier une concertation nationale qui va déboucher sur la réconciliation des congolais par la mise en place d’institutions saines et compatibles avec notre sociologie.

    Conclusion

    Je suis convaincu que nous pouvons sauver les fondements du Congo-Brazzaville actuel en partant de nos réalités sociologiques à travers la Tribalité. Nous pouvons soigner le Tribalisme par la Tribalité.  La démocratie à l’occidentale pratiquée sur des fondements qui sont en inadéquations avec nos réalités sociologiques et culturelles  semble nous apporter plus de division que d’unité. Il devient urgent  de trouver notre propre voie  en adaptant notre démocratie aux  contingences culturelles et démographiques qui sont les nôtres afin de construire une unité nationale qui va déboucher sur un sentiment patriotique, lequel  sublime jusqu’au sacrifice du sang pour la défense de la patrie. Telle doit être notre vision commune (Kongo, Téké, Ngala)  à condition que chacun y mette du bon sens.

     

    Kovalin TCHIBINDA KOUANGOU

    Directeur du Think Tank : Observatoire Panafricain de la Tribalité

    http://www.tribalite.org

    kovalin.tchibinda@tribalite.org

     

    ------------------------------

    (1) Kimuntu : le mot Kimuntu, « ce qui fait l’homme », recouvre toutes les qualités requises chez l’être humain de bonté, de générosité, de vérité, de justice, de respect, de solidarité, en un mot d’humanisme.

    (2)

    PCT : Parti congolais du Travail

    UPADS : Union panafricaine pour la démocratie sociale

    MCDDI : Mouvement Congolais pour la démocratie et le développement intégral

    RDPS : Rassemblement pour la démocratie et le progrès social

    UDR  Mwinda : Union pour la démocratie et la République

    (3)

    Noumazalaye : Ambroise Édouard Noumazalaye né le 23 septembre 1933 à Brazzaville et mort le 17 novembre 2007, était une personnalité politique de République du Congo.

    Notes

    Bibliographie : Livre Blanc sur la Tribalité (Auteur : Kovalin Tchibinda Kouangou)


  • Commentaires

    1
    Hervé Mananga
    Mardi 26 Juin 2012 à 14:02
    Kovalin ! Tu es pour moi le meilleur de la nouvelle génération. tu dois dois continuer à te parfaire en n'abdiquant pas sur tes convictions. Tu as aujourd'hui entre tes mains, la solution au problème du Congo. Que Dieu te garde car l'ennemi est aux aguets
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    2
    Bertrand08
    Mardi 26 Juin 2012 à 14:05
    Kovalin Tchibinda Kouangou n'est ce pas le fils de l'homme de Sassou Jean François Kouangou ancien conseiller juridique de Sassou et Ministre de la justice de Lissouba! Non Kovalin tu n'est pas crédible. Vous avez été aux affaires. on sait ce que ça donné.
    3
    Badianga
    Mardi 26 Juin 2012 à 14:08
    Pourquoi Bertrand ne nous dit pas que Kovalin est le fils d'un des plus grand magistrat du Congo, homme droit et incorruptible. Jean François Tchibinda Kouangou , le père de Kovalin n'a jamais trempé dans une quelconque escroquerie.
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