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    NB: Ce courrier a été envoyé au Président Sassou Nguesso au mois de Juin 2011. Nous vous livrons en exclusivité la teneur de la lettre.

     

    Paris, le 16 Juin 2011

    Honorable Robert POATY PANGOU A Monsieur Denis SASSOU-NGUESSO

    Mail : rpp.rpp33@gmail.com Brazzaville.

     

     

     

     

    Objet : La SCISSION du CONGO est désormais évidente.

    Monsieur le Président,

    J’ai l’honneur de vous adresser la lettre dont la teneur suit.

    « Il est au vu et au su de tous, que vous prenez le CONGO pour un BIEN personnel et/ou élargi à tout membre du Peuple NGala et dont l’héritage est à transmettre à votre famille et/ou à tout originaire du NORD. Pourvu que le Pouvoir soit conservé au NORD ».

    C’est le Plan que tout le Peuple NGala a arrêté. La candidature unique de tout le NORD en 2002 en est la preuve irréfutable sur l’unité du NORD.

    Le Peuple Kongo l’a bien compris. Quant au Peuple Téké, je n’en sais rien. Je ne sais s’il voit ce qui se passe.

    Le Peuple Kongo demande que les choses se fassent au clair et demande la SCISSION du pays. Le Peuple Kongo demande cette SCISSION pour une raison toute simple et pourtant profonde.

    Le Peuple Kongo tient à protéger seul, les vies des membres de son groupe ethnique. Il doit faire éviter des nouveaux massacres à ses membres.

    Il veut reconstruire seul son avenir et réparer seul tout ce qui lui a été détruit. Il en est capable. Il l’a prouvé dans le passé.

    N’oubliez pas, Monsieur Denis SASSOU-NGUESSO et tout le monde le sait, que vous êtes entrain de préparer un nouveau Coup d’Etat à travers la révision de votre propre Constitution de 2002. Vous savez très bien pourquoi vous tenez à faire cette révision.

    Monsieur le Président,

    Vous allez certainement dire que le Peuple Kongo demande la SCISSION du pays. NON. Ce n’est pas le Peuple Kongo qui le veut. Même si c’est effectivement le vœu qu’exprime désormais l’homme du SUD.

    Le Peuple Kongo a tout simplement fait le constat suivant :

    En effet le Peuple NGala dont vous êtes au fond le représentant aujourd’hui, est arrivé au Pouvoir par la force des Coups d’Etats ce depuis Marien NGOUABI.

    Le Peuple NGala s’est accaparé de la gestion de toutes les richesses du pays. Et pour en avoir la maîtrise totale sur toutes ces richesses et mieux conserver le Pouvoir, le Peuple NGala s’est très lourdement armé.

    Voilà pourquoi tirant la leçon sur ce qu’il a subit du fait de ces Coups d’Etats à répétition, le Peuple Kongo pense qu’il faut procéder à la SCISSION du pays.

    Mais la fuite en avant sur cette question ne sera plus acceptée. Le 18 Mars 1977, nous avons tous entendu dans les rues de Brazzaville que : « Ba Kongos ba bomi Marien ».

    La suite de cette phrase fut le massacre du Cardinal Emile BIAYENDA, d’Alphonse MASSAMBA-DEBAT et des pauvres innocents.

    Depuis 1992, année de l’élection de Pascal LISSOUBA, la démocratie n’existe plus. La corruption a détruit tous les Partis Politiques à l’image de l’UPADS, le MCDDI, le PCT, l’UDR-Mwinda, le RDPS, le RDD et j’en passe.

    Or malheureusement pour le Pouvoir que vous incarné, les militants de ces différents partis sont conscients et ils sont restés fidèles malgré tout.

    L’impossibilité de faire usage de la démocratie à travers les partis politiques dans le vivre ensemble à cause de nos appartenances ancestrales comme unique moyen pour accéder à la Magistrature Suprême, nous oblige à revenir en arrière afin de rechercher la véritable solution en mettant autour d’une même « Table Ronde » les Peuples ; Kongo, NGala et Téké.

    Car les partis politiques ne pourront jamais trouver la solution nous permettant de nous libérer de cette « Nasse » dans laquelle le Colon nous a enfermé. Faute de quoi, nous allons finir par nous entre bouffer jusqu’à notre disparition totale.

    Depuis Février 1959 à Juin 2011, voici plus de 42 ans que nous nous entre tuons pour le Pouvoir.

    D’ailleurs la Loi sur les partis politiques exige une représentation ethnique. Ce qui démontre à suffisance qu’il existe un malaise entre les différentes composantes ethniques du pays.

    Le Peuple Yougoslave avait comprit son problème et il a trouvé la solution. Le Peuple Yougoslave à procédé à la SCISSION de la Yougoslavie.

    Les nouveaux Etats nés de la disparition de l’Etat Yougoslave à l’image de la Croatie se portent mieux.

    L’Unité des Peuples : Tékés, NGala et Kongo sur un seul et même sol a causé la destruction du Peuple Kongo. Ce Peuple souffre aujourd’hui à cause de cette Unité imposée par le Colon.

    Les trois(3) Peuples : Téké, NGala et Kongo n’ont été que contraint de vivre ensemble.

    L’affaire Georges YAMBO, la guerre NORD/SUD de Février 1959 sont les événements révélateurs sur nos réelles différences culturelles qui du reste dépendent de nos appartenances ethniques.

    Depuis ces évènements, les Congolais vivent :

    • de conflits guerriers en conflits guerriers,

    • de Coups d’Etats en Coups d’Etats,

    • de tueries en tueries. Tout ceci, pour le Pouvoir.

    Il n’y a pas de tranquillité. Tout le monde est inquiet. Vous-même y compris.

    Le Peuple Kongo ne veut plus vivre ces drames. Le SUD est détruit juste à cause d’un Pouvoir que le NORD tient à posséder et à conserver.

    Le Peuple Kongo a désormais compris que sa Paix et son Avenir sont conditionnés par la SCISSION du pays.

    Au moment où je vous adresse la présente lettre, tous vos enfants, neveux et autres filles ou fils du NORD qui prétendent à votre succession sont tous aux aguets.

    Vous avez autours de vous, des gens qui vous font allégeance malgré tout ce qu’ils peuvent vous reprocher.

    Et pourtant nul n'ignore qu’avant l’arrivée du Colon, ces trois (3) Peuples vivaient chacun sur son Territoire avec ses Lois et Règlements qui garantissaient la quiétude et la tranquillité sagement assurées par les Rois et autres chefs de Tribus.

    Seuls les échanges commerciaux et autres occasions leurs permettaient de se rencontrer. Ces rencontres se passaient dans le Strict Respect des Coutumes des uns et des autres.

    En résumé, avant la fabrication du CONGO par le Colon, la vie était bonne à vivre dans nos Territoires respectifs.

    Monsieur le Président,

    Durant la période coloniale, le Colon était le seul garant de l'intégrité territoriale du CONGO. Le Colon était aussi le seul à maintenir la quiétude entre les différents Peuples vivants sur son territoire.

    Or c’est dès 1945, année des premières élections démocratiques au CONGO, que va s'afficher le clivage NORD/SUD d’une part et d’autre part celui entre les trois groupes ethniques.

    Le regroupement autour de Jean Félix TCHICAYA pour le SUD et autour de Jacques Luc Napoléon OPANGHAULT pour le NORD en sera l’illustration.

    Ce regroupement n'est pas une invention de la démocratie. Il est justement l’expression de notre sentiment sur nos réelles appartenances. C'est-à-dire qu'avant d'être devenu Congolais, on était avant tout : Téké, NGala et Kongo. Au moment où je vous écris, cette réalité est toujours présente en chacun de nous.

    Plusieurs autres faits nous ont servi de rappel sur nos appartenances ethniques.

    - l'élection d’André MILONGO comme Premier Ministre

    - votre élimination dès le 1er tour en 1992

    - l'élection de Pascal LISSOUBA

    - en 2002, tout le NORD qui n'a qu'un seul Candidat : Denis SASSOU-NGUESSO. Alors que le SUD en présente 9

    - il y a des innocents qui disparaissent au Beach et d'autres qui sont tués et brûlés au Palais du Peuple

    - la configuration de la Mandature de LISSOUBA et la structuration de votre Régime qui laissent perplexe.

    Tous ces faits sont révélateurs d'un mal très profond auquel un courage et une honnêteté seront nécessaire pour y mettre un terme définitif.

    Monsieur le Président,

    Aucun Congolais n’ignore que le Fief électoral de tout candidat originaire du NORD est trop faible. Cette faiblesse rend impossible son accession au 2éme tour d’une élection présidentielle. A ce sujet, les preuves existent.

    Et pourtant, l'enfant du NORD doit aussi diriger le CONGO. Mais comment ? Voilà la question qui justifie les Coups d'Etats aux conséquences très désastreuses.

    L'affaire Georges YAMBO en 1958 et l'alliance entre l'UPADS et le PCT en 1992 nous ont démontré les limites de l'exercice démocratique.

    Ambroise Edouard NOUMAZALAYE avait déjà exprimé sa préoccupation et son inquiétude sur la faiblesse démographique du NORD.

    Monsieur le Président,

    Je voudrais après ce rappel des faits, vous poser la question de savoir si : les Peuples NGala, Téké, Kongo ont encore un intérêt commun à suivre, ou s’ils étaient réellement fait pour vivre ensemble ?

    Le seul espoir sur lequel réside la poursuite d’une vie commune reste le respect de l’Accord signé en Mai 1997 à Paris. Encore qu’il faudra laisser à l'ONU toute l'organisation du processus électoral et de la tenue de l'ensemble des élections.

    Si le recours à cet Accord vous semble impossible, alors la solution suivante nous permettra de mettre un terme définitif à l'usage des Coups d'Etats et aux tueries inutiles.

    Cette solution est la SCISSION du pays.

    Cette SCISSION va permettre la création de trois(3) nouveaux Etats indépendants. Nous allons faire au cœur de l'Afrique ce que le Peuple Yougoslave a fait au cœur de l'Europe.

    En effet tous les Congolais y compris vous-même sont très inquiets sur leur sécurité physique et sur celui de leur bien matériel. Tout le pays est sous le règne d’une très faible minorité aujourd’hui au Pouvoir et qui détient les armes et l’argent.

    Ce climat de vie dans lequel sont plongé les Congolais est très regrettable. Il faut y mettre un terme définitif. 

    Alors soyons des hommes courageux et repartons d'où nous venons. C'est là, la clé de notre mieux vivre dans le Respect et avec Dignité.

    Le développement économique et social autrement dit le Progrès de chacun de nous se trouve dans cette décision à prendre. Cette décision est un salut pour : les NGalas, les Kongos et les Tékés.

    Monsieur le Président,

    Les conséquences qui ont suivi la disparition de la Compagnie des Potasses du Congo (CPC) de Holle dont l’usine était à Makola sont restées un cauchemar pour les populations de tous les villages environnants.

    Aujourd’hui l’argent du pétrole qui devrait servir à construire au minimum le Barrage du Kouilou à Sounda est entrain de remplir des comptes et les poches des individus qui n’ont aucun lien avec le Royaume Loango dont l’exploitation des richesses de son sous-sol aurait pu contribuer à sa modernisation et à son industrialisation.

    Or à ce jour, la région du Kouilou est entrain de se détruire. Le désordre règne dans le Kouilou. Rien n’est fait pour construire cette région qui pourtant est le premier pourvoyeur de l’économie du pays.

    Il est sûr et certain qu’une fois le pétrole fini, seules les populations du Kouilou continueront d’y vivre avec toutes les conséquences que cette exploitation aurait engendrées. C’est pourquoi, il est temps que la population du Kouilou prenne la décision de se ressaisir.

    La construction du barrage du Kouilou est désormais entre les seules mains de tous les enfants de cette région.

    La SCISSION du CONGO est aujourd’hui la seule solution équitable pour chacun des trois Peuples. Prenons tous ensemble dès maintenant, le courage de regarder la vérité en face.

    N’ayons peur de rien.

    Monsieur le Président

    Faisons-le tous ensemble pour la tranquillité et la vie paisible des futures générations. Arrêtons enfin d’être des hypocrites. Cessons de faire semblant. Faisons-le dans toute la sérénité possible afin que les Coups d’Etats s’arrêtent définitivement.

    La démocratie ne pourra jamais résoudre les problèmes dus à nos appartenances Ethniques.

    Je dirais d’ailleurs, que la démocratie nous a rappelé nos appartenances ethniques.

    Et, n’oublions jamais que nous sommes et restons avant tout : Téké, Kongo et NGala. C’est notre héritage et notre identité. L’Unité n’a été jusqu’ici qu’un maquillage.

    C’est le Colon qui nous a mis dans un même « panier ». Nos ancêtres ne l’auraient jamais fait. Nos Ancêtres étaient très sages et ils savaient que l’individu dans la société reste toujours attaché à son cordon ombilical.

    Les Coups d’Etats sans fin et ce depuis l’Affaire Georges YAMBO et la guerre de Février 1959 en sont les conséquences tragiques.

    La SCISSION du pays va enfin nous permettre de résoudre cet épineux problème du Pouvoir.

    NB : Le 10 Juin 1991 n’a servi à rien puisque des enfants Kongos ont disparus au Beach et que d’autres ont été tué et brûlé au Palais du Peuple. Pourquoi ? C’est la grande question à laquelle je vous laisse répondre.

    Voilà comment moi, Honorable Robert POATY PANGOU, justifie la SCISSION du CONGO. Et le Peuple Kongo est aujourd’hui très inquiet de son avenir.

    Veuillez, Monsieur le Président croire à mon intime conviction et daignez apporter avec efficacité votre très sincère contribution.

    Fait à Paris, le 16 Juin 2011

    Honorable Robert POATY PANGOU

    Ancien Membre du Conseil Supérieur de la République


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    sans titre

    L’article, dont intitulé : « L’IRRÉVERSIBILITE DE L'OPTION SÉCESSIONISTE EN AFRIQUE : LE CAS DU CONGO BRAZZAVILLE. », que j’ai, il y a quelques mois publié dans un hebdomadaire local puis sur Internet, a été perçu par certains « tribalistes » récalcitrants et irréductibles qui se réservent bien de s’afficher comme tels, comme un brûlot susceptible d’attiser la haine tribale. C’est du reste l’argument récurrent dont on use pour espérer, par la peur, étrangler tout débat sur ce sujet pourtant essentiel de la construction d’une véritable « nation congolaise ». Par Daniel Nkouta.

     

     

    Quand cet argument est brandi par des fanatiques d’un régime dont la seule essence est justement la pratique du « tribalisme » au quotidien, cela relève de la pure hypocrisie, et aucun Magistrat n’osera, en toute conscience, le regard franc, faire grief à un Congolais de diffuser des propos réputés dangereux pour leur ethnicité, lorsque l’on sait qu’ici et là, et cela depuis le retour de Sassou, les nominations dans toutes les institutions répondent justement au seul critère ethnique par un régime qui a décidé de mettre la compétence en congé ad vitam.

     

    Ces hypocrites s’abritent derrière le premier article trompeur de ce qui nous tient lieu de « Constitution », et qui ne contient dans sa formulation aucune réalité lorsqu’il proclame : « La République du Congo est un État souverain, indivisible, laïc, social et démocratique ». Belle arnaque ! On sait tous qu’un pays dont les seules fêtes officielles et célébrées sont chrétiennes, n’a rien d’Etat laïc, et le Congo n’a rien de souverain, d’indivisible, de social ni de démocratique. Ainsi, pour menacer toute velléité de mise en cause de cette sacro-sainte indivisibilité de la République, on proclame le « principe de l'intangibilité des frontières ». Ce principe issu du Droit romain, qui autorisait une partie à contester et à réclamer un territoire qui a été acquis par la guerre, a servi de légitimer la conquête coloniale du continent africain. S'appuyant sur ce principe d’une évidente absurdité, les nouveaux Etats africains nés au lendemain des indépendances ont, à travers l’« Organisation de L’Unité Africaine (OUA) » espéré par ce biais réduire la possibilité de guerres frontalières entre les nouveaux Etats indépendants. Cinquante années plus tard, nonobstant le fait que de nombreux litiges de revendication de frontières opposent ces Etats, l’on tente obstinément de nier l’évidence en regardant dans le sens contraire de la réalité.

     

    Le constat de l’absurdité, mais surtout de la dangerosité des frontières léguées par la colonisation est une vérité d’évidence. Ces frontières résultant de la simple articulation du pantographe des intérêts et des rapports de forces des puissances coloniales, en ignorant la réalité sociologique et historique des populations, ont généré des problèmes insolubles résidant dans l’impossible cohabitation harmonieuse des groupes ethniques qui y ont été enfermés d’autorité.

     

    Les Chefs d’Etat africains engoncés dans leur certitude de « l’intangibilité des frontières », ont fait mine d’ignorer le drame d’un Soudan délité au sein duquel la population de la partie méridionale avait cessé d’être un peuple pour muer en une population qui voyait ses droits légitimes bafoués par la partie septentrionale détentrice du pouvoir politique et militaire, pour générer in fine un déni de droits qui a abouti à une guerre dite civile, harassante. Cette situation du Sud Soudan, si l’on persiste ici et là à jouer les sourds aux gémissements des populations asservies par le pouvoir d’une ethnie arrogante, pourrait très bientôt devenir contagieuse dans le continent.

     

    On a beau vouloir par l’intimidation propre au régime policier, interdire tout débat tendant à réfléchir sur la question de la validité du « principe de l’intangibilité des frontières héritées du colonialisme », et donc sur la question de la fictivité des nations africaines enfermées à l’intérieur de ces frontières, on a beau vouloir par des théories absconses donner à croire que telle approche constitue un brûlot susceptible de dynamiter la stabilité de la société actuelle pour bancale qu’elle soit, et que donc, comme la foi chrétienne, toute tentative de questionnement sur le sujet est blasphématoire, et qu’il suffit de croire que la nation congolaise existe sans s’interroger sur sa réalité pour cela soit vrai; on avance sourdement mais sûrement vers l’éclatement de la fameuse « République une et indivisible ». La « nation congolaise » est morte, elle a été tuée par la « mboshisation » de l’Etat dans la totalité de ses compartiments, dont les récentes « nominations » des « Généraux » au parcours scolaire douteux est la consécration, acte solennel de la privatisation de la « Force publique en Forces Armées Claniques (FAC) ». Je ne cesserai de la clamer, notre fameuse « nation congolaise » n’aura en fait été et demeure qu’une simple pétition de principe une formule incantatoire.

     

    Les naïfs qui refusent de lire la vérité ont beau chanter que la nation congolaise existe, et que nonobstant le verdict des faits qui statue en sens contraire, il convient de nous convaincre qu’avec le temps, malgré leur apparente hétérogénéité, les diverses populations du Congo finiront par constituer une « nation congolaise » au sens propre du vocable, proclamant que notre diversité est une richesse ; chaque jour qui passe, cette espérance s’amenuise. Il s'est, hélas, trouvé à chaque période du parcours historique de notre société depuis cinquante ans, je demeure courtois, des pires imbéciles, des déments et des criminels de notre intelligentsia ou ce qui en tient lieu, qui se sont trompés du tout au tout, prenant ce discours empreint de lyrisme candide pour de la science, ces certitudes tranquilles pour des démonstrations scientifiques. Ces cerveaux à la santé douteuse qui se laissent bercer par l’espérance d’une « nation congolaise » hybride du Nord au Sud justifiée et magnifiée par des raccourcis nauséeux qui donnent le vertige, s’emploient à diffuser des théories sans lendemain qui étourdissent nos diverses populations martyrisées, professant un concept national cité à comparaître devant l’histoire.

     

    La question essentielle aujourd’hui après cinquante ans de tergiversation dans la recherche de la solution idoine pour notre développement, c’est de trouver la cause de cette déchéance que personne ne saurait nier. Certaines théories qui s’imposent à nos sens, non à cause de leur valeur, mais à cause de la notoriété prétendue de leurs auteurs, affirment sans souci de preuve, que certaines maladies du corps social comme : la « mauvaise gouvernance », le « fanatisme », l'« irréligion », seraient la cause de la déchéance déplorée de toute société humaine. Je consens personnellement comme l’opinion générale, que le développement de ces tristes fléaux est un frein à l’émergence d’une société moderne. J’entends toutefois préciser que si ces fléaux de désorganisation qui ne sont en réalité que des épiphénomènes, ne sont pas entés sur un principe destructeur plus vigoureux, s'ils ne sont pas les conséquences d'un mal caché plus dangereux, on peut rester assuré que leurs coups ne seront pas mortels, et tôt ou tard la société en guérira.

     

    La cause réelle de la déchéance d’une société se trouve ailleurs. Pour la diagnostiquer, il faut préalablement nous entendre sur la définition du vocable « société » autrement dit bien expliquer d'abord ce qu’il convient d’entendre par ce vocable. La société, loin s’en faut, n'est pas comme on le laisse croire, le cercle plus ou moins étendu dans lequel s'exerce, sous une forme ou sous une autre, une souveraineté distincte. La société est une réunion, plus ou moins parfaite au point de vue politique, mais complète au point de vue social, d'hommes et de femmes vivant sous la direction d'idées semblables et avec des instincts identiques. C’est au sein de ce corps social autrement désigné par « nation » ou « peuple » notion débarrassée de l’amphibologie qui en résulte souvent, et distincte de « population » qu'existe la cause de sa déchéance. Et en creusant plus loin que l'écorce avec la volonté de comprendre vraiment, on trouve inévitablement l'existence irrécusable, bien que latente, d'une cause générale de la déchéance d’un corps social : « la dégénérescence ». La dégénérescence d’un corps social signifie que ce peuple n'a plus la valeur intrinsèque qu'autrefois il possédait, parce qu'il n'a plus dans ses veines le même sang, dont des alliages successifs ont graduellement modifié la valeur. Autrement dit, qu'avec le même nom, les membres de ce peuple n'ont pas conservé la même nature que leurs ancêtres ; que l'homme de la déchéance est un produit différent. Tout être humain crée sa culture à l’intérieur d’une communauté qui se définit par opposition aux autres. C’est une loi de la nature que les théories assimilatrices diffusées par les falsificateurs ne sauraient démentir.

     

    L’on voudra bien soutenir, il est vrai, que cet homme du compromis né de la greffe sociale multiethnique possède quelque chose de son essence originelle; mais, plus il dégénère, plus ce quelque chose s'atténue. Les éléments hétérogènes qui prédominent désormais en lui, composent une nationalité toute nouvelle et bien malencontreuse dans son originalité. Il n'appartient à ceux qu'il dit encore être ses ascendants qu'en ligne très collatérale. Il mourra définitivement et sa civilisation avec lui, le jour où l'élément ethnique primordial se trouvera tellement subdivisé et noyé dans des apports d’ethnies hétérogènes, que la virtualité de cet élément n'exercera plus désormais d'action suffisante. Elle ne disparaîtra pas, sans doute, d'une manière absolue ; mais, dans la pratique, elle sera tellement combattue, tellement affaiblie, que sa force deviendra de moins en moins sensible, et c'est à ce moment que la dégénérescence pourra être considérée comme complète, et que tous ses effets apparaîtront, car, c’est une certitude scientifique que toute nation meurt lorsqu’elle est se trouve composée d'éléments dégénérés.

     

    Lorsque je révèle ces vérités qui mériteraient pourtant de faire partie de l’enseignement dans nos écoles, afin que nos enfants puissent comprendre pourquoi, dans un pays producteur de pétrole ils doivent s’asseoir à même le sol dans les salles de classe, que nos hôpitaux ne disposent d’aucun médicament, que nos soldats ou ce qui en tient lieu sont mal vêtus, que nos quartiers vivent sans eau potable et sans électricité, que dans nos casernes désormais la langue officielle est devenue le mboshi, etc., on dit, cet homme est dangereux, il est « tribaliste » ! Ce qui dérange le plus, c’est que j’ai toujours revendiqué avec courage et fierté ma « tribalité », n’ayant jamais prêté le moindre serment m’interdisant d’être « tribaliste », ce qui est différent pour Sassou qui lui est tenu par un serment devant le pays dont il est tristement parjure.

     

    Mais comment en sommes nous arrivés là ? La cause gît dans la partie de notre histoire jamais enseignée. Et même si l’on avait voulu enseigner ce pan de notre histoire, si la tâche est facile dans le midi du pays, il faut dire qu’elle n’est pas aisée pour l’historien qui s’emploierait à rechercher les sources sur l'origine et l'histoire des peuplades du septentrion de ce qui nous tient lieu de pays commun. Hormis le fait que la totalité de leurs régions sont forestières, le gros handicap pour l’historien vient de ce que ces régions sont abondamment inondées, l'eau, qui n’autorise pas de laisser des traces sur son plan, dégradant ensuite systématiquement tous les vestiges. Enfin, le mode de vie dicté par la pêche conduit à un nomadisme au gré des saisons. Cette situation de vasière envahissante a conduit à l’époque de la pénétration coloniale, un administrateur colonial à déclarer, que cette zone ne doit pas être mesurée en mètre carré, mais en hectolitres. Conséquences fâcheuses, le défaut de vestiges archéologiques, fait de ces peuplades des êtres anhistoriques, car retracer l’histoire de ces zones marécageuses n’est désormais réalisable que par une succession d'hypothèses, et d’ailleurs, comme l’a mentionné avant moi un autre citoyen averti, la mémoire vive interrogée par les premiers explorateurs détenant l'écriture, n'a pu nous restituer que cinq générations au mieux. Ce qui est très peu pour fonder l’histoire d’un peuple.

     

    La première constatation de cette situation est, qu’issus de ces zones où l’eau et la forêt règnent en souveraines interdisant toute pratique de l’agriculture ; nos amis du Nord n’ont connu jusqu’ici que la civilisation de la cueillette, qui leur épargne le moindre effort pour trouver la nourriture dans la terre, la mère nourricière de toutes les civilisations. Ils cueillent tout dans la nature, ils pèchent et chassent ; hormis les « Tékés », les « Mboshis » ne cultivent rien. Conséquence immédiate : « Ledza Lenua ». Vivant depuis toujours au bord de l’eau quand ce n’est pas dans l’eau, où il suffit donc simplement de puiser directement dans le marigot ou la rivière, quelque soit le « Mboshi » qui viendra au pouvoir, la question de l’eau potable dans nos Communes, ne sera jamais une préoccupation. Habitués dans une cohabitation séculaire avec le moustique, la condition hygiénique dans nos agglomérations n’a jamais été dans la pensée de l’homme du Nord. Crions, vociférons, nous ne changerons rien dans leur mode de pensée. Si sous Alphonse Massamba ma N'Debani l’on a pu constater les nombreuses réalisations sur le plan économiques, les Présidents du Nord nous ont servi un hiatus profond et effrayant entre le discours et l’action.

     

    Mais pourquoi donc les « Tékés » qui cohabitent avec ces « Mboshis » depuis longtemps, sont-ils différents, laborieux, sociables, organisés, me rétorquera-t-on ? La réponse se trouve d’une part dans le fait que les « Tékés », longtemps avant la pénétration coloniale, connaissaient déjà la notion de pouvoir central et ont toujours eu le sens du commerce. Autrement dit, ils connaissaient déjà la civilisation. L’autre raison est le fait qu’historiquement, in fine culturellement, les « Tékés » et les « Mboshis » n’ont rien, absolument rien en commun.

     

    En tout cas, cette belle pagaille de la vasière qui couvre l’étendue septentrionale, aura permis de dissimuler la traçabilité des origines réelles de certaines peuplades du Nord, autorisant la confusion malheureuse, volontairement entretenue depuis longtemps, qui a fait désormais des « Tékés » d’Alima, ressortissants de Mboundji, des « Mboshis ».

     

    Daniel NKOUNTA


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  • Discussion  sur le concept de Tribalité entre Louis Keumayou, directeur de l'information de Telesud et Kovalin Tchibinda Kouangou, chef d'entreprise et inventeur du concept de Tribalité.

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  • Kovalin TCHIBINDA KOUANGOU

    04/04/2011: Kovalin TCHIBINDA KOUANGOU était l'invité de l'émission Blackfeeling de la Radio Paris Fréquence Plurielle.

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