• Par Daniel NKOUTA « Tant que les lions n’auront pas leur propre historien, les histoires de chasse tourneront toujours à la gloire du chasseur », dit un proverbe africain.

     

    Le 28 septembre 1958, le Moyen-Congo, l’un des quatre Territoires de l’Afrique Equatoriale Française (A.E.F.) avec le Gabon, l’Oubangui-Chari et le Tchad, devenait la République du Congo. Le 15 août 1960, soit deux ans plus tard, cet ancien Territoire français accédait à la souveraineté internationale. Fulbert YOULOU, fils du Pool-koongo est alors élu Premier Président de la République, Maire de Brazzaville. Le 15 août 1963, à la suite d’un soulèvement populaire manipulé par les syndicalistes marxisants, Fulbert YOULOU est renversé pour être remplacé par Alphonse MASSAMBA ma NDEBANI un autre fils du Pool-koongo. Il sera à son tour victime d’un coup d’Etat en Juillet 1969, orchestré par des comploteurs nordistes au sein du Mouvement National de la Révolution (M.N.R.), conduits par Edouard Ambroïse Noumazalaye, un aventurier qui, après un long séjour d’études en France, n’y a ramené aucun diplôme, hormis sa ‘’complotite’’. Alphonse MASSAMBA ma NDEBANI aura comme successeur le Commandant Marien NGOUABI, un Officier originaire de la Cuvette. C’est la période de l’inauguration de la médiocrité, la descente aux enfers pour le Congo qui, sous la gouvernance de ses prédécesseurs était voué à un avenir radieux.

     

    En cinquante années d’indépendance, le Nord aura régné sans partage pendant quasiment quatre décennies. La lecture du bilan de cette période la plus triste de notre histoire, ainsi que je l’ai déjà écrit, se caractérise par le fait que, le Nord qui n’a pu produire autre chose que des régimes militaires, a fait montre d’une impéritie suffisante dont le seul mérite a été d’avoir écrêté le patrimoine commun et la consomption de la méritocratie, installant la médiocrité comme vertu cardinale à tous les niveaux.

     

    Pendant ce demi-siècle d’indépendance et de cohabitation douloureuse et forcée, on a tout dit sur les Koongo : comploteurs irréductibles contre le pouvoir établi, réactionnaires, intégristes, arrogants, fanatiques, messianistes, tribalistes ; rien n’a été épargné à ce peuple. Les envieux du Nord au Sud, car il y en a eu partout, ont brandi l’épouvantail, les ignorants ont laissé libre cours à leurs phantasmes. Toutes ces épithètes ont été brandies en chuchotant bien sûr car, devant la prestation élogieuse de Fulbert YOULOU et celle de Alphonse MASSAMBA ma NDEBANI, face au cycle dévastateur du pouvoir du Nord, comparaison qui démontre ceux qui ont travaillé et ceux qui ont détruit, on n’a jamais pu nous insulter à haute voix.

    Dans l’Avant-propos du compte-rendu de la gestion des 40 mois de son premier mandat à la Municipalité de Brazzaville, Fulbert YOULOU écrivait en mars 1960 ce qui suit :

    « La poursuite d’un but, l’accomplissement d’une œuvre exaltent les hommes. S’il entreprend une œuvre humaine, s’il poursuit le but de donner à ses frères plus de bien-être, plus de bonheur, plus de joie de vivre, l’homme est capable de se surpasser et l’histoire chrétienne est riche de miracles engendrés par l’amour. Mais, dans la recherche du bonheur, les moyens sont souvent rarement à la mesure de l’œuvre entreprise et, les difficultés s’accumulant, il arrive que le découragement s’insinue dans les cœurs. Il est alors bon de faire une halte, de souffler. C’est là l’occasion de mesurer le chemin parcouru et à constater l’avancement de l’ouvrage, à mesurer les progrès accomplis, on éprouve une immense satisfaction et le plaisir se raffermit d’aller encore de l’avant ».

    Il y a cinquante ans donc, les circonstances consécutives à l’action coloniale nous ont contraints à une cohabitation entre peuplades du Nord et populations du Sud, dans cet ensemble disparate dénommé par antiphrase : LA NATION CONGOLAISE. Ce 15 août 2010, le moment me semble venu de suivre le sage conseil de Fulbert YOULOU : Il nous faudra faire une halte, et souffler. Ce sera là l’occasion de mesurer le chemin parcouru et constater l’avancement de l’ouvrage, mesurer les progrès accomplis, pour voir si l’on éprouve une immense satisfaction d’avoir cohabité et si le plaisir se raffermit d’aller encore de l’avant.  

    Les cinq décennies dont nous allons célébrer sans gloire l’avènement, montrent que la Nation congolaise telle qu’elle nous est vantée aujourd’hui, est un concept qui a certainement pris quelque liberté avec la réalité. En présentant le concept de Nation dans une acception aussi large, et donc aussi vague que celle d’une communauté d’hommes et de femmes fondée sur le fait qu’une seule et même loi la régit, et en proclamant sans la moindre censure des faits que l’unité des différentes communautés ethniques congolaises se fera sur cette base ; on a, c’est une évidence, empêché la naissance d’un débat centré sur une problématique précise. Le concept de l’idée nationale a subi une interprétation qui a gravement mutilé sa nature réelle. Il s’agit d’une projection inconsciente de notre société dans la description apparemment plus objective, legs du colonialisme.

    Une recherche sur l’idée nationale doit porter sur l’ensemble des représentations au moyen desquelles une société se forge une certaine image de l’homme, de son corps et de ses différents principes spirituels. « L’homme ou l’essence humaine n’est pas une abstraction résidant dans l’individu pris isolément. Dans sa réalité, il est l’ensemble des rapports sociaux », disait Karl Marx. Et Lévy-Bruhl de dire : « L’homme en soi est une fiction. Il est toujours situé dans un cadre culturel historique ». Pour mieux comprendre le comportement de chaque être social, il faut examiner l’environnement social et affectif dans lequel baigne l’enfant.

     

    En effet, formé au dedans de la mère, l’enfant est à parfaire une fois au dehors. Cette tâche commence avec ce que l’enfant va absorber en tout premier lieu, et pendant un long temps : le lait maternel. Le lait est, autant que le sang, transmetteur des qualités et pouvoirs essentiels de la personne. Ici réside d’ailleurs la raison essentielle pour laquelle l’allaitement au lait en poudre est décrié par les traditionnalistes. Ils estiment que l’enfant absorbe avec ce lait les caractéristiques essentielles de la source de ce lait, c’est-à-dire les aptitudes, le tempérament et les caractères d’une vache et animaux divers et inconnus dont le lait se trouve être composé. On donne ainsi à l’enfant, un breuvage dont on ignore à la fois l’origine et les composants. Durant les neuf mois de gestation, la mère fera passer par le sein à l’enfant ses qualités essentielles de cœur et de d’esprit, qui conditionneront désormais toute la vie de l’enfant. Or, il est vrai que ces qualités essentielles de cœur et d’esprit sont loin d’être les mêmes au Nord et au Sud, car déjà, nos régimes alimentaires, nos conditions de vie sont si différentes. Ceci explique cela.

    Il est donc intellectuellement décent et sociologiquement correct, qu’en prenant pour point de départ le sens originel de la tradition et en considérant nos diverses qualités essentielles, l’on évitera assurément le risque de se cloîtrer dans une problématique d’inspiration complètement allogène à notre mode de pensée. L’idée nationale congolaise ne se bâtira qu’avec les matériaux disponibles sur le terrain et non par ce verbiage de la scolastique décadente, qui nous suggère depuis 1958, une Nation scoliotique. La problématique spécifique liée au concept de la Nation propre à l’aire culturelle négro-africaine existe ; il faut simplement la dégager sans hypocrisie réciproque et en termes précis, afin de la proposer comme thème pour une réflexion sur l’organisation sociale de notre pays. Espérer une Nation par cette combinaison allergénique d’ethnies différentes, c’est véritablement procéder autrement et courir le risque de proposer un débat autour d’un faux problème, se situant très en deçà de l’étiage de l’espérance logique de notre collectivité sociale ; c’est mentir proprement.

    Posons courageusement cette question nationale dès maintenant, sans craindre d’être étiqueté comme tribaliste. Il s’agit d’un débat sociologique, ce qui se passe devant nous nous interpelle. C’est le cas de la Force publique, l’Institution la plus tribalisée du pays, et l’on a beau dénoncer cela ; pour SASSOU, le chien aboie, la caravane passe. Ce que nous ignorons dans le Sud par exemple, c’est qu’après avoir officiellement dissous les Milices armées, les Cobras ont pour la plupart eux, été reversés à l’Armée et dans la Police, et si l’on a ramassé les armes dans le Sud, le Nord demeure très fortement armé, jusqu’y compris dans les Quartiers Nord de Brazzaville, et la ville de Pointe-Noire n’est pas épargnée. Tout est mis en œuvre pour fabriquer d’autres Milices armées sous le couvert de la loi. Tel est le cas du stage de formation militaire qui vient d’être organisé pendant 45 jours, au Centre d’instruction de Kouala-Kouala, au profit de 172 Douaniers, dont la diffusion de la liste pourrait nous édifier. La Cérémonie de clôture a été patronnée par le Colonel Gibert BOKEMBA, originaire probablement de BOKO, commandant la Zone de défense n°9, commandant la 40eme Brigade d’Infanterie, en présence de Jean-Alfred ONANGA, Originaire certainement de KAKAMOUEKA, Directeur Général des Douanes et des droits indirects.

     

    La promotion sortie de ce stage a été baptisée : « CHEMIN D’AVENIR », pour caractériser l’ancrage des Douanes pourtant Service public, au Parti Congolais du Travail. Mais plus significatif de l’état de notre Etat, irrespectueux des valeurs républicaines, qui s’est pourtant donnée le français comme langue officielle, (que chacun mettre sa ceinture de sécurité), tant l’information est une véritable zone de turbulences, le deuxième module du fameux stage des Douaniers a été intitulé : « OBARA-DZORO » qui voudrait dire, semble-t-il « savoir se protéger ou se mettre à l’abri ». Nous revenons à l’époque de « KIA NGUE WO » ! A un ami Français qui m’a demandé de quelle langue s’agit-il. J’ai simplement répondu, que s’agissant des Douanes, Service étatique, ce ne peut être que du français langue officielle. Voilà la République dont nous allons célébrer le cinquantenaire de l’indépendance !

    Que ceux qui blâment mon approche réputée tribaliste et dangereuse pour l’unité nationale, trouvent une justification à cette mutilation des valeurs républicaines. En ayant refusé depuis 50 ans d’aborder courageusement et franchement cette question sur la formation de la nation, nous avons crée la possibilité que 50 ans plus tard, le Nord qui a accaparé le pays, nous le présente aujourd’hui avec un électroencéphalogramme plat.

     

    Ainsi va le Congo droit en ENFER !


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  • Tribu et ethnie sont des termes souvent employés l'un pour l'autre, un peu comme fleuve et rivière, dans le sens approximatif d'un ensemble de personnes qui se reconnaissent issues d'un même ancêtre ou qui ont en commun un même système de valeurs, une même culture, comportant souvent une même langue, et un territoire, parfois  symbolique.

    Mais ces définitions s'avèrent insuffisantes dès qu'on veut les appliquer à la réalité.

    Au cours de cinquante dernières années des consciences nationales se sont développées en Afrique, mais le langage des ethnies y reste aussi mobilisateur.

    Notre propos est essentiellement d'aider à comprendre comment peuvent s'articuler pacifiquement les diverses identités sociales et quelles sont les possibilités de leur transformation.

    Même si on se base sur les notions les plus objectives de la parenté, de la langue et du territoire, les difficultés sont considérables. Tous les membres d'une tribu sont en général supposés descendre d'un ancêtre commun, au moins symboliquement. Mais, il y a des ethnies qui ne possèdent pas de terres là où elles vivent et il y en a qui dominent dans des régions où elles ne sont pas majoritaires. Une langue peut, par ailleurs, être parlée par plusieurs tribus et il y a des tribus qui s'étendent sur les régions où l'on parle des langues différentes. L'expérience montre qu'il faut l'intervention d'une autorité commune pour qu'un dialecte particulier s'impose à tous les membres d'une population.

    Des constructions

    Depuis l'indépendance, un effort a été déployé pour montrer que le Congo n'est pas un émiettement de 450 tribus. La Carte linguistique du Zaïre, préparée par une équipe de linguistes congolais en 1983, distingue seulement 212 langues en République Démocratique du Congo, dont 34 non bantoues, oubanguiennes ou nilo-sahariennes.

    Tous les auteurs qui ont essayé d'établir la carte ethnique du Congo ont abouti à la conclusion qu'aucune définition ne permet de classer de façon univoque toutes les populations du pays. Les noms ethniques ont des provenances extrêmement variables. Il y a ainsi beaucoup de Bena, c'est-à-dire de "gens de", ou de Bakwa, c'est-à-dire de "gens de chez", auxquelles correspondent diverses expressions dans d'autres langues pour désigner des populations par référence à un nom de chef ou de lieu. Ces dénominations sont parfois anciennes, mais il s'en est créé à toutes les époques et il s'en crée encore.

     A la question qu'est-ce qu'une ethnie, il faut dès lors oser répondre que c'est une construction, sur des bases diverses, par des stratégies sociales, qui définissent des zones de solidarité et de conflit. Mais elles ne sont pas une simple traduction du présent. Elles sont des constructions historiques, que chaque génération contribue à définir sans pouvoir les réinventer totalement.

    Le simple fait de parler d'ethnies n'est, par ailleurs, pas innocent. Étymologiquement, le mot vient du grec et signifie peuple. Mais il a pris une résonance particulière à l'époque coloniale. Jan Vansina nous semble avoir trouvé une formule heureuse pour exprimer les transformations imposées par la colonisation, à une réalité plus ancienne: Le tribalisme est l'invention d'une nouvelle ethnicité à l'époque coloniale. Il a fractionné les ethnies en chefferies et groupements pour les dominer. Selon l'avis du même auteur, la période pré-coloniale ne connaissait pas l'isolement des sociétés imposé par les frontières politiques et administratives introduites par la colonisation. Les mondes lunda et swahili, par exemple, étaient très vastes et les voyages des explorateurs démontrent qu'il existait de multiples routes commerciales à travers toute l'Afrique centrale. L'époque coloniale établit, par ailleurs, les frontières naturelles actuelles, dans lesquelles les ethnies doivent aujourd'hui s'intégrer.

    On est marqué

    Une part croissante de la population vit dans les villes, qui sont toutes interethniques. Nous estimons qu'il y a aujourd'hui une vingtaine de villes de plus de 100.000 habitants en RDC et au moins 45 autres de 25 à 100.000 habitants. Elles regroupent un peu plus de 25% de la population du pays.

     Nous observons en outre que beaucoup et spécialement les jeunes souhaitent échapper à l'emprise des coutumes et des aînés de leur tribu. En 1967, 10.9 % des ménages congolais de Kinshasa étaient constitués de conjoints de tribus différentes. En 1975, ce pourcentage était passé à 16.0 %. Dans une enquête de 1998 réalisée dans une commune modeste de la ville, 65.7 % des personnes interrogées ont estimé que c'était un avantage de se marier avec quelqu'un d'une autre région que soi.

    Mais les ethnies sont une réalité qu'on ne peut ignorer si on veut comprendre nos sociétés. Tout ce qui touche à l'identité est mobilisateur. Il n'est donc pas indifférent de se définir de l'une ou de l'autre façon.

     Fondamentalement, l'humanité est une et chacun peut reprendre l'affirmation de Térence, un sage de l'Antiquité, "rien de ce qui est humain ne m'est étranger". Mais chacun de nous est marqué par ses premières expériences. Celles-ci sont cependant multiples. Chaque personne est ainsi un faisceau d'identités sociales, dont l'unité est établie par une hiérarchisation, qui varie suivant les domaines et suivant les époques. Les guerres de religion ont fait rage au moment où l'appartenance religieuse primait sur les nationalités. Des sympathies sportives ou des engagements religieux peuvent aussi unir plus ou moins profondément des personnes par ailleurs opposées les unes aux autres.

    De plus, l'homme étant un être dynamique, les identités qu'il se donne le sont aussi. Les divers immigrés des États-Unis ont aujourd'hui une conscience nationale forte. La victoire de la France à la coupe du monde de football avec une équipe faite de joueurs de provenances diverses a fait rêver d'une communauté nationale ouverte et intégrative.

    Les fondateurs de la Communauté Économique Européenne ont voulu que des pays qui pendant plus de mille ans s'étaient considérés comme ennemis se perçoivent désormais comme des partenaires obligés d'un même destin. Une identité européenne est en train de naître, par dessus les nationalités qui s'étaient elles-mêmes développées au cours des temps modernes.

     En Afrique, des nations se forgent et rien n'impose que les rivalités traditionnelles entre certaines ethnies les empêchent aujourd'hui de s'allier pour la poursuite d'objectifs communs. Cheikh Anta Diop disait à propos de sa propre ethnie: On devient Wolof tous les jours.

    « Des forces positives »

     

    On sait que toute société, loin d'être un ensemble monolithique, est une réalité très complexe, liée aussi aux systèmes de valeurs que chacun porte en soi. Une identité sociale, plus encore qu'une histoire, est ainsi un projet que chacun doit réaliser en union avec tous ceux qui ont la même identité.

     Les ethnies sont une force sociale d'intégration, quand elles invitent leurs membres à s'inscrire dans des actions collectives d'auto-promotion, de réflexion critique et de négociation. Elles deviennent particularistes et destructrices, quand elles privilégient les solidarités particulières au détriment des intérêts communs. Car il y a aujourd'hui des objectifs qui ne peuvent être poursuivis qu'au niveau national. Il importe dès lors d'articuler les identités ethniques avec la conscience nationale, dans le respect des mêmes droits et obligations pour tous les nationaux.

    Dans le cas de la République Démocratique du Congo, et sans doute dans la plupart des pays, l'examen de la carte ethnique établit qu'une division satisfaisante des unités administratives est impossible sur base ethnique. Plus de la moitié de la population appartient à des groupes qui n'ont pas de territoires propres tant soit peu étendus et toutes les ethnies ont des enclaves et des zones de cohabitation.

    L'administration coloniale qui avait dans les années 1920 tenté la constitution de circonscriptions et même de territoires portant le nom d'une tribu y a rapidement renoncé devant les problèmes qui en résultaient. L'identité ethnique ne peut dès lors être prônée comme une nationalité. Ses représentants peuvent influencer la gestion de l'État en fonction de son système de valeurs et de ses intérêts, mais ils ne peuvent prétendre imposer seuls les orientations de l'État. L'État, plus encore que ses provinces, est aujourd'hui toujours multiethnique.

    Pour survivre, les autorités ethniques doivent entrer dans le mouvement général de conscientisation et de participation pluraliste. A ce prix, les ethnies et les tribus peuvent être des forces positives dans le tissu de la vie sociale. C'est ce que nous leur souhaitons.

    Léon de SAINT MOULIN s.j. Directeur du CEPAS

    (Centre d'Etudes Pour l'Action Sociale)


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  • Féodalités économiques : dérives symptomatiques des régimes non démocratiques

    Pierre TCHIBOTA - BOUANGA

    Après un débat sur la tribalité, posant la question de savoir si ce concept pouvait être le soubassement du développement au Congo Brazzaville ? , Une nouvelle piste de réflexion nous est proposée.

    Tribalité et redistribution des richesses.

    Entre temps, le concept de tribalité a fait l’objet d’une maturation qui lui permet aujourd’hui d’être compris par de plus en plus de gens comme une approche socio politique permettant d’amener les sociétés aux composantes ethniques diverses à trouver un substrat intrinsèque lui donnant à créer et conforter son unité nationale pour aller vers le développement économique.

    A ce titre ce concept est à l’opposé du tribalisme, parce qu’il prône la recherche du comment mieux vivre ensemble, au-delà des différences ethno linguistique, lorsque le tribalisme s’appuie sur sa particularité pour rejeter l’autre au point d’en faire un principe de fonctionnement.

    Une fois ce cadre posé, et le constat fait qu’après cinquante ans d’indépendance le bilan socio économique des pays africains, est loin d’être élogieux, nous devons dans le cadre de l’analyse qui nous est proposé nous poser la question de savoir quelles sont les tendances marquantes du paysage  économiques africain et qu’est ce que la tribalité peut y apporter ?

    1 -  les tendances marquantes des dictatures en place sur le continent africain

    Nul ne peut objectivement contester que du Maghreb à l’Afrique australe, bon nombre de régime du continent africain se distingue sur le plan politique, par l’absence de véritable liberté d’expression, l’absence de justice sociale et l’absence de bonne gouvernance.

    Le vent de révolte qui souffle à l’heure actuelle sur les pays du Maghreb, trouve son fondement dans le cœur de ce triptyque.

    Les pays d’Afrique sub saharienne ne sauraient être épargnés par le même désir de changement, car ces mêmes ingrédients sont identifiables lorsque l’on décortique les structures de fonctionnement et de gestions des régimes en place.

    a-      L’absence de liberté d’expression.

    Ici l’attention est appelée sur les lois régulant la liberté de la presse, le fonctionnement des médias d’état, et l’accès de la société civile et de l’opposition aux médias d’état.

    L’argument tendant à dire que l’existence de diversités de parutions, est synonyme de liberté d’expression en Afrique prête à sourire.

    Nous ferons volontairement ici l’impasse sur les élections systématiquement entachées de fraudes et par conséquent contesté, comme si le continent était incapable d’organiser des scrutins dont les résultats sont acceptés de tous.

    Nous ferons volontairement l’impasse sur l’incapacité des organisations non affiliée au régime en place à pouvoir manifester librement et pacifiquement, sans que cela ne rende fébrile les dirigeants en place ou que cela ne fasse l’objet d’une répression.

    Ce qui retient notre attention ici, c’est la stratégie sournoise de mise sous «cloche » d’une presse véritablement libre, capable de procéder dans le respect de la déontologie journalistique à la mise en colonne des faits avérés de corruption, des dénonciations des pratiques politiques et économiques non conformes à la bonne gouvernance et enfin l’analyse des échecs des initiatives socio économiques des régimes au pouvoir.

    Cette stratégie vise un seul objectif, celui de ne pas permettre l’éclosion du contre pouvoir que peut constituer la presse. Grave constat lorsque l’on s’accorde à reconnaître que celui ci est un pilier de la démocratie.

    Suivant l’autoritarisme des régimes cette stratégie se traduit par l’emprisonnement des journalistes, les tracasseries administratives allant de l’application d’amendes abusives aux fermetures partielles ou totales des organes de presses, et tout autres types d’entraves à l’exercice de la profession de journaliste.

    En exemple l’un des derniers rapports de l’organisme……

    En outre, de façon plus précise les médias audio visuels font l’objet d’un contrôle étroit tel que le paysage audiovisuel des pays d’Afrique noire peut être subdivisé en 3 groupes.

    1er groupe des médias privés locaux qui ne peuvent proposer que variétés musicales, émissions de divertissements, sports ou films. 

     2e groupe de médias participants de bouquets satellites, qui sont reçus de l’occident, de l’étranger.

    (Celles-ci peuvent d’ailleurs faire l’objet d’un arrêt de réception, en fonction du contexte politique du moment, comme on a pu le voir en côte d’ivoire en décembre 2010).

    3e groupe de médias constitués de chaînes nationales ou de chaînes appartenant aux proches du régime qui semble avoir pour unique vocation de promouvoir l’image et la politique du régime. Ici dans bien des cas les rédactions sont soit sous contrôle du gouvernement, soit pratiquent l’auto censure.

    La menace clairement affichée et déjà à l’œuvre, c’est le contrôle du paysage audio visuelle à l’avantage exclusif des régimes en place, au mépris du droit à l’éducation, l’investigation et l’information.

    Propositions

    Les traditions africaines ont rarement été connues pour avoir systématisé la suppression de la liberté de paroles. Les systèmes d’expressions les plus anciens connu, montre que des dispositifs permettant d’identifier, analyser et apporter des solutions aux problèmes sociaux économiques ont toujours existé à l’image du «Mbongui», et qu’ils participaient à la consolidation des liens sociaux. En cela la liberté d’expression est une valeur qui ne peut être dénié aux populations africaines et il est nécessaire de conforter les cadres garantissant cette liberté. Ces propositions vont en ce sens.

    -Vote d’un projet de loi garantissant l’accès de façon égale aux médias nationaux entre l’opposition et la majorité au pouvoir, ceci y compris hors contexte électoral, sous l’égide des autorités indépendantes ayant en charge la communication.

    - vote d’un projet de loi interdisant le contrôle financier de plus de 60% du capital d’un organe de presse.

    - vote d’un projet de loi interdisant toutes formes de monopole dans les secteurs de la presse écrite et audio visuelle. 

    - vote d’une loi protégeant l’anonymat des sources de la presse.

    - Mise en place sur fonds publics d’émissions, donnant libres expressions aux populations sur leurs conditions de vie et sur la promotion des cultures régionales afin de faciliter la connaissance des cultures.

    - Accès libres aux informations concernant la constitution du capital  des organes médias locaux et étrangers opérant sur le territoire national.

    b-      L’absence de justice sociale

    Corruption institutionnalisée, l’impunité des élites politiques et économiques responsables des malversations, voire de crimes et l’insuffisance d’infrastructures socio-éducative participent au maintien d’un système ou les plus puissants, ceux qui disposent de moyens financiers considérables ou d’appui politique important imposent leurs desiderata ou leurs lois aux autres.

    Traditionnellement les élites sous l’ère pré coloniale accédaient à un statut après avoir fait la preuve de leur capacité a assumer certaines fonctions. Ils étaient préparés en cela par un parcours initiatique puis par un apprentissage. Une fois investies dans leurs fonctions, ces élites devenaient responsables de la bonne «marche des choses ». Une succession de crises (famine, catastrophes, conflits sociaux ou patrimoniaux…) leurs était éventuellement imputable du fait par exemple d’une mauvaise pratique dans la gestion des «affaires de la cité ».

    De nos jours, malgré un statut déjà enviable au regard de la situation de la plupart des pays africains, les magistrats restent perméables à la corruption.

    Les magistrats restent également dans bon nombre de cas fortement dépendant des pressions politiques émanant du ministre de tutelle quand ce n’est pas des présidences. Le droit n’est pas dit, il «est fait » selon les circonstances et en fonction des intérêts.

    Ces situations sont sources de défiances vis à vis des institutions judiciaires par les populations africaines ; car bien souvent les Africains ont l’impression d’avoir affaire à une justice aux ordres, quand ce n’est pas une justice soumise aux lobbies commerciaux et financiers.

    Seul une justice indépendante, véritablement garante des intérêts de tous justiciable peut permettre de ré instaurer une véritable autorité de l’état.

    Propositions

    -          Introduire l’inamovibilité de certains magistrats et réviser leurs statuts.

    -          Mettre en place une véritable dynamique de sanction pour les magistrats indélicats

    -          Introduire une plus grande cohérence dans les cartes judiciaires nationales

    -          Accroître les moyens en infrastructures du corps judiciaire afin d’augmenter la célérité et la qualité des instructions.

    c-      L’absence de bonne gouvernance

    Mise en coupe réglée des différents secteurs de l’économie via une économie de rentes et de prébendes, absence de transparences dans les gestions des recettes et dépenses de l’état.

    Le constat  de l’échec économique du continent n’est plus à faire. Pire les économies africaines deviennent un enjeu d’appropriation exclusif sans incidence majeur sur le développement pour 3 catégories :

    -          les sociétés à capitaux transnationaux

    -          les mafias transnationales et locales

    -          Les clans ou groupes d’individus ayant le contrôle de l’armée et du système politique.

    Aujourd’hui le personnel politique africain est celui qui regroupe les plus grosses fortunes du continent. Faisant fi ! de la collusion et des conflits d’intérêts.

    L’intérêt personnel des personnes en charge de la chose publique, prévaut sur la préservation de l’intérêt général.

    Nous vous épargnerons ici la longue liste des chefs d’états du continent (qui pourtant sont quasiment tous d’origines modestes), détenteurs de « fortunes » pharaoniques au mépris de la paupérisation de leurs populations. Nous diront simplement que le continent ne peut se développer équitablement sans avoir redéfinit les rapports des puissances politiques et publiques avec l’argent et les sources d’argent.

    Ici l’éthique de la responsabilité est au cœur de la problématique.

    Les sociétés africaines pré coloniales avaient «systématisé» dans les relations sociales la responsabilité des «aînés » ou «anciens » vis à vis de ceux qui étaient placé sous leur autorité.

    Les «aînés et/ou anciens » assumaient les besoins vitaux, l’éducation des membres de la famille, du clan, de la tribu, du village… mais recevait en retour, respect et reconnaissance (pas nécessairement soumission). L’intérêt du groupe et par ricochet l’épanouissement de l’individu comme composante du groupe, était placé au centre de la démarche socio politique.

    Aujourd’hui nous semblons vivre exactement l’inverse, et le choix de l’enrichissement personnel passe par perte et profit, la perspective de l’épanouissement de l’individu et de la communauté au sens le plus large.

    Or il ne peut y avoir de développement sans un investissement dans la première richesse que constitue l’homme. Les populations africaines dispose d’un capital humain sur lequel il est désormais impératif de miser si l’on veut sortir  les économies africaines de l’ornière.

    Cela induit l’obligation pour l’état de créer les conditions d’un véritable développement humain en permettant,  au plus grand nombre l’accès à une véritable alimentation, à de véritables soins, et une véritable instruction.

    Les moyens nécessaires à ces investissements se trouvent aujourd’hui confisqué par des régimes politique qui accaparent les capitaux qui auraient dû être dévolues à ces besoins qui sont des indicateurs et des axes de progrès.

    Ces confiscations sont à l’opposé du rôle de l’état qui doit entre autres avoir pour vocation, de redistribuer les fruits de l’effort national. L’absence de redistribution de la richesse nationale est un élément moteur de la création de frustrations des populations envers les régimes identifiés à un clan ou un groupe, mais aussi vers le rejet de toutes les formes d’administrations proposées jusqu’alors.

    L’absence de redistribution, est source de sentiment d’exclusion des populations qui finissent par considérer que seul le contrôle du système politique par un groupe auquel on appartient permet plus facilement de bénéficier des richesses du pays. Cela conduit donc inexorablement  à la mise en concurrence acharnée (voir armée) des différents groupes ou clans s’alliant par lien de «solidarité ethnique », pour le contrôle du pouvoir.

    Il faut donc s’engager vers un véritable démantèlement des systèmes qui conçoivent la gestion de l’état à travers la gestion non transparente des ressources nationales et leurs appropriations par des groupes d’individus inféodés au pouvoir en place.

    Propositions

    1 – Création d’une Autorité pour la transparence économique et Financière (ATEF)

     Il s’agirait d’une structure légère, indépendante ayant pour mission sur l’étendue du territoire national de veiller à la transparence de l’activité économique et financière.

    Pour cela elle exercerait 4 types de responsabilités :

    -          réglementation

    -          Surveillance et investigation

    -          sanction

    -          autorisation

    Objectif : Lutte contre l’opacité financière pour une meilleure maîtrise des ressources économiques en amont de leurs redistributions

    2- Création d’un fond national pour l’instruction correspondant à plus de 5% du budget annuel.

    Le fond serait destiné à la réalisation sur 6 ans d’un programme de création de structures d’enseignements «d’élites » allant de la 6e à la terminale et accueillant les élèves les plus brillants et les plus méritants. Ces structures devraient êtres construites dans toutes les zones ethno linguistiques du pays et doivent privilégier un large brassage des élèves.

    3-      Création d’un Fond d’investissement ayant vocation à prendre au nom et pour le compte de l’état

    Des participations dans des entreprises nationales ou étrangères (essentiellement des PME) offrant un fort potentiel de croissance ou dans des domaines d’activité en devenir. 

    4-      Mise en place d’un cadre législatif réservant par le biais d’un dispositif fiscal, la possibilité de voir les budgets des instances régionales être alimenté entre autre par une taxe nouvelle

     La taxe économique territoriale (TET). Celle ci aurait pour composante, une imposition de la valeur foncière des structures économiques installées dans chaque région, ainsi qu’une contribution perçue sur la valeur ajoutée ou richesse produite par ces entreprises. La taxe économique territoriale (TET) serait destinée exclusivement aux financement d’infrastructures locales ou régionales.

    5-      Mise en œuvre du principe de la déclaration de patrimoine avant toute prise de fonctions par les composantes du personnel politique.

    6-      Création d’un fond d’investissement pour l’artisanat et les PME (FIAPE)

    Il s’agit ici de rassembler au sein d’une même structure des prêteurs de fonds privés, l’état et les entrepreneurs dont les projets relève des secteurs artisanaux ou des PME-PMI, aux tailles défini.

    Les artisans et entrepreneurs y trouveraient par des procédures simples un accès au financement pour leurs activités. En contrepartie ils se soumettraient à des procédures allégées de contrôle et de suivi dans le développement de leurs activités.

    -          Les apporteurs de capitaux privés se verraient offrir un marché pour investir leurs liquidités en acceptant un retour sur investissement limité en terme de participations, ou une rémunération en terme de taux d’intérêt limité et/ou encadré par la loi, car la vocation est avant tout de participer à l’éclosion d’un vrai tissu entrepreneuriale par la création de sources de financement d’accès plus simple et mieux garantit.

    -          L’état apporterait des fonds afin de garantir dans une certaine mesure les prêts accordés aux entrepreneurs. Les garanties des mêmes entrepreneurs étant fixées selon la logique de la tontine.

    7-      Mise en place d’une disposition constitutionnelle obligeant les partenaires économiques à davantage de transparence financière

    Cette disposition obligerait les groupes à capitaux transnationaux ayant pour domaine d’activité le commerce, l’industrie, les nouvelles technologies, l’exploitation des ressources minières et pétrolières à publier les redevances, taxes, impôts, et autres «cash profit » acquitté auprès du trésor public national, ainsi qu’auprès des entités administratives des collectivités territoriales.

    Voici donc présenté quelques propositions, pouvant faire l’objet d’un développement plus approfondit, mais qui tente de s’appuyer sur des valeurs ou principes émanant des tribalités africaines pour tenter de donner à l’Afrique des outils pour arriver à un développement plus équitable au bénéfice de ses populations. D’autres propositions viendront, nous en sommes certains, d’africains désormais déterminés à prendre en main le destin du continent.


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  • Pour que le pétrole Congolais coule pour les pauvres

     

    R. Poaty-Pangou & E. Mabiala ma Mayinguidi

     

    Quoi  et Comment faire pour que le pétrole coule pour  les pauvres, également pour que l’exploitation minière et celle des essences forestières contribuent à leur  prospérité.

    C’est aussi pour répondre à l’intolérable constat dont  le secours catholique vient  en dernier de faire un état complet (“Le pétrole ne coule pas pour les  pauvres“, Février 2011), que le second débat “Tribalité et redistribution de richesses“ à été envisagé dans la série des réflexions sur le concept de la “Tribalité“  initié par Kovalin Tchibinda Kouangou (“Livre blanc sur la Tribalité“, éd. Créavie, Fév. 2011)

    Les auteurs du secours catholique ne pouvaient mieux ouvrir cette étude que de rappeler les mêmes cinglants constats faits aussi par la représentation nationale Française. Celle-ci concluait déjà en Octobre 1999 à l’occasion d’un rapport d’information de la commission des affaires étrangères sur “le rôle des compagnies pétrolières dans la politique internationale et son impact social et environnemental“:

    En Afrique, la manne pétrolière n’a pas aidé le développement, les chefs d’État l’ont utilisée pour acheter des armes en Angola et au Congo Brazzaville. Au Gabon, au Cameroun, au Nigeria, on peine à découvrir à quoi a servi la rente pétrolière puisque la dette s’est accrue, les populations se sont appauvries, et les infrastructures sont dans un état déplorable. Maintien au pouvoir de dictatures, corruption, violence larvée, atteinte aux droits de l’homme et à l’environnement, tel est le bilan peu glorieux de l’exploitation pétrolière dans toute l’Afrique(sic).

    Dans un Congo où l’incurie, la corruption  et la mal gouvernance de l’appareil d’Etat sont devenues légendaires, l’inadaptation du centralisme du système unitariste justifie aussi l’absence d’une redistribution effective des ressources nationales.

    La reconstruction d’un état réel dans un système de fédéralisation régionale (“Potentiel de la régionalisation pour le développement au Congo“ R. Poaty-Pangou & E. Mabiala ma Mayinguidi ; Journal en ligne Mwinda, Mars 2010) est par conséquent le premier impératif qui garantisse que les populations et les finances publiques tirent effectivement profit de ces ressources nationales.

    La Tribalité soutient que les richesses nationales peuvent être utilisées au bénéfice de tous les Congolais pour améliorer leurs conditions de vie, appuyer leur développement et satisfaire leurs besoins.

    L’objectif est de mettre en place un système qui redistribuerait équitablement les dividendes des ressources relevant de la compétence nationale aux régions autonomes. Celles-ci ayant compétence et responsabilité pour assurer à leurs populations la nourriture, l’éducation de base, les soins médicaux primaires, et le travail.

    Ces objectifs sont inapplicables faute d’avoir développé une approche qui garantisse cette redistribution et permette d’obtenir une implication de nos  compatriotes des contrées les plus reculées, réduit à la lutte quotidienne pour la survie.

    Le pétrole, les minerais et les essences forestières sont donc potentiellement un des fondements du développement du Congo. Ces ressources dont la gestion relève de la compétence nationale dans le système fédéral envisagé, achoppent sur la même problématique de la faiblesse institutionnelle des dispositifs qui sont supposés en partager les fruits entre les exploitants privés, l’État et les populations.

    L’unitarisme et sa centralisation étatique excessive, limite sa capacité à redistribuer efficacement les dividendes de richesses nationales et ainsi résoudre les problèmes à caractère régionaux.

    Le risque du jacobinisme étatique dans la redistribution est la déperdition voire l’évaporation de dotation avant d’atteindre ses cibles régionales. L’absence d’institution de contrôle n’en fait qu’un amplificateur. Ce risque peut aussi se présenter sous forme de choix imposé des priorités d’actions économiques à entreprendre au niveau de ces bases régionales. On conçoit facilement que les intérêts et les priorités d’une zone septentrionale ne convergent pas nécessairement de ceux d’une zone australe ou méridionale.

    A contrario, dans un système fédéraliste, en ce qu’il présente à chaque niveau des institutions de contrôle efficaces, transparentes et impartiaux, le risque de déperdition et d’évaporation dans la redistribution y est fortement limité.

    La richesse en ressources naturelles Congolaise fascine tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ce découpage territorial arbitraire, hérité du congrès de Berlin de 1884. Les convulsions politiques observées depuis cinquante (50) ans sont aussi liées à la volonté acharnée d’accaparement de ces richesses. Ceci fait de l’économie Congolaise une économie essentiellement de prélèvement de la richesse brute, la valeur ajoutée se forgeant ailleurs au détriment des populations régionales locales qui voient partir les chargements de minerais, de bois et de pétrole vers les usines d’autres horizons.

    La fédéralisation régionale devrait par conséquent aussi permettre de générer la valeur ajoutée sur les territoires d’exploitation. Ceci d’autant plus qu’il est de notoriété publique que tout ce qui peut contribuer à la création de la valeur ajoutée sur un territoire est bénéfique et que l’argent reçu a moins de valeur que l’argent crée par sa propre vertu du travail.

    Attendu que les actions engagées par différents acteurs (coalition “Publiez Ce Que Vous Payez“ ; Extractives Industries Transparency Initiative (EITI) ; Transparency International ; Global Witness ; etc.) pour l’assainissement et la transparence de la gestion des ressources notamment pétrolières sont appréciables. Il est impératif que ces actions s’accompagnent de réformes institutionnelle et administrative radicales qui permettent une gestion et une redistribution efficace et non selon les errements qui ont trop souvent aboutis à la dilapidation de ces revenus.

    Les défis sont donc nombreux et de taille, toutefois il est certain que la stratégie de redistribution par dotation régionale équitable, conjuguée à la nécessité de création de valeur ajoutée sur les territoires et la capacité d’initiative et de création de richesse au niveau des bases régionales permettent un vrai essor de l’activité économique. Des progrès considérables sont ainsi possibles assez rapidement.

    Il faille pour ce faire que l’appareil d’État central retrouve une réelle fonctionnalité dans ses missions régaliennes, régulatrices d’équilibres socioéconomiques régionaux et de pilotage de grands projets Infra et Super structurels (voies et réseaux de communications), et que la volonté d’éradication de la corruption se matérialise par la mise en place des garde-fous institutionnels efficaces, transparents et impartiaux.


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  • Dans l’article « Pourquoi adhère-t-on à un parti plutôt qu’à un autre ? », nous avions conclu qu’en règle générale, les élites africaines créent des partis politiques pour assouvir leur soif du pouvoir. Pour cela, elles s’appuient sur leurs identités communautaires respectives qui ressentent le besoin d’être représentées dans la gestion de l’Etat voire d’y occuper une position hégémonique. Par Mayoyo Bitumba Tipo-Tipo.

    Illustration : Démocratie et vote

    Aussi les masses se mobilisent-elles derrière un leader de leur ethnie ou région. Les élites, elles, ont un souci supplémentaire : le positionnement. Ici, l’individu adhère au parti qui peut certes l’attirer pour l’une ou l’autre raison sentimentale, mais qui en pratique semble lui offrir plus de chance de devenir un animal politique. La combinaison de ces deux facteurs explique l’existence des partis dans lesquels se retrouvent des élites issues de différentes identités communautaires, traînant derrière elles des clientèles ethnico-régionales sans pour autant empêcher la domination du parti par des membres de l’identité ethnique ou régionale du chef. Cette conclusion soulignait l’inutilité des partis africains, qui du reste n’existent que pour les élections, tout en explorant une autre voie de la démocratie, cette fois non conflictuelle et basée sur les identités ethniques ou régionales. Dans les lignes qui suivent, nous nous proposons de démontrer que construire la démocratie de cette nouvelle manière n’est rien moins qu’une question de bon sens.

    DÉFINITION DE LA RÉGIONALITÉ

     

    La régionalité renvoie à trois notions : le « super-tribalisme », l’« ethnicité artificielle » et les « limites territoriales ». Le « super-tribalisme » traduit la réalité ci-après : « Plus un groupe de population est distant, à la fois socialement et géographiquement, d’un autre groupe, plus grande aussi sera la tendance de chacun à considérer l’autre comme une catégorie indifférenciée et à lui coller une étiquette générale » (Mitchell, J. C., The Kalela Dance, Manchester, MUP, 1956). Le clivage Est-Ouest au Congo s’inscrit dans ce type de régionalité. Pour les habitants de l’Est, les gens de l’Ouest sont des « Bakongo » ou des « Bangala ». Et ceux-ci collent aux premiers l’étiquette de « Baswahili ».

    Le « super-tribalisme » constitue déjà une forme d’ethnicité artificielle. Celle-ci peut également traduire l’idée d’une erreur ethnographique qui serait intériorisée comme réalité par les populations concernées. Comme le note Burssens, « on a cru longtemps à l’existence d’un peuple appelé + Bangala +, parlant le lingala et possédant des caractéristiques ethniques et culturelles bien déterminées. On sait aujourd’hui avec certitude que, dans tout le Congo belge, il n’existe pas un groupe ethnique portant ce nom » (Burssens, H., Les peuplades de l’entre Congo-Ubangi, Tervueren, Musée Royal du Congo belge, 1958).

    Les « limites territoriales » sont également génératrices du sentiment de régionalité. Comme les frontières nationales, « les divisions administratives viennent couper les territoires des tribus aussi bien que les domaines linguistiques... Leur existence même a fini par créer entre les indigènes des attaches d’une espèce différente » (Biebuyck, D. & Douglas, M., Congo Tribes and Parties, Londres, Royal Anthropological Institute, 1961). Toutes les entités administratives au Congo, du secteur à la province en passant par le territoire et le district, ont acquis cette sensibilité. C’est ainsi que dans la province du Bas-Congo par exemple, le problème posé par le choix du site de l’université, une de ces universités provinciales souvent non-viables qui ont vu le jour avec la « démocratisation », a été résolu par l’implantation de trois campus : Inkisi, Mbanza-Ngungu et Boma, en raison de trois districts qui composent cette province.

    SENS DE LA RÉGIONALITÉ

    S’interrogeant sur le chemin à suivre par l’Afrique vers la démocratie, Sven Kühn Von Burgsdorff constate opportunément que « lors de l’accès à l’indépendance au cours des années 1950 et 1960, la complexité socio-politique de la plupart des sociétés africaines ne correspondait pas à la dimension des Etats créés, que ce soit en termes de superficie ou de population. En d’autres termes, la majorité des Etats africains étaient et sont encore trop grands par rapport au niveau traditionnel de développement socio-politique de leurs groupes ethniques dominants respectifs » (Le Courrier, n° 134, juillet-août 1992). Déjà en 1960, Joseph Ileo, alors premier ministre, déclarait au cours d’une conférence de presse, sans pouvoir tirer les conclusions politiques qu’imposait une telle observation : « Le Congo n’est pas un peuple. C’est un ensemble de grands groupes ethniques constituant chacun un peuple ». De son côté, le sociologue T. K. Biaya constate que « les Etats africains sont généralement pluri-nationaux et former un Etat uninational sur cette base est un long processus que même les pays européens n’ont pas pleinement achevé » (Le Zaïre vers quelles destinées?, Série des livres du Codersia, Dakar, 1992).

    De ces observations, Von Burgsdorff tire la conclusion suivante : « Tout d’abord, que ce n’est pas l’illusion d’une Nation-Etat qui mérite le plus d’attention. C’est la région ou la communauté qui doit être mise au premier plan. En d’autres termes, la zone géographique peuplée par un groupe distinct de gens qui partagent les mêmes valeurs socioculturelles, des moyens similaires de production et de subsistance, et un attachement à un système traditionnel bien ancré d’auto-organisation politique ». On retrouve ici les préoccupations des pères fondateurs de l’« Alliance des Bakongo (ABAKO) », les seuls leaders politiques congolais de 1960 qui avaient une vision politique réaliste de la démocratie. Contrairement aux autres politiciens de l’époque qui vouaient un culte béat à la démocratie occidentale, les dirigeants de l’« ABAKO » voulaient mettre sur pied une démocratie qui procéderait de l’esprit créateur de l’homme, en tenant compte des spécificités congolaises. Déjà en 1956, l’« ABAKO » plaidait pour que « les groupes historiquement, ethniquement et linguistiquement unis ou apparentés s’organisent pour former autant de partis politiques » (Le Contre-Manifeste de l’« ABAKO », 23 août 1956). Malheureusement, la classe politique s’était embourbée dans la querelle byzantine opposant les unitaristes aux fédéralistes, querelle qui ne résout nullement le problème de l’hégémonie d’un groupe sur les autres.

    LE CAS MALAWITE

    Pendant près de 30 ans, le Dr Hastings Kamuzu Banda, président à vie autoproclamé, a régné en maître absolu au Malawi. En mai 1994, des élections démocratiques l’ont chassé du pouvoir. Trois partis s’étaient lancés dans la course : le « MCP (Malawi Congress Party) », l’ex-parti unique dirigé par le despote nonagénaire, l’« UDF (United Democratic Front) » sous la conduite de Bakili Muluzi, qui a succédé au premier, et l’« AFORD (Alliance For Democracy) » avec comme leader Chafkuwa Chihana. L’« UDF » obtint 45 % des voix contre 37 % pour le « MCP » et 17 % à l’« AFORD » (Le Courrier, n° 152, juillet-août 1995). Mais les résultats globaux n’ont aucune signification réelle en Afrique. Ce qui compte, c’est que l’« UDF » obtint 78 % dans le sud du pays, le « MCP » 65 % dans le centre tandis que l’« AFORD » remporta une écrasante majorité de 85 % dans le nord. Avec 85 sièges au parlement contre 56 au « MCP » et 36 à l’« AFORD », les dirigeants de l’« UDF » ont d’abord voulu jouer aux civilisés en ignorant le message de l’Afrique profonde. Ils formèrent donc un gouvernement minoritaire. A la surprise générale, l’« AFORD » conclut tout d’abord une alliance d’opposition avec le « MCP » alors que plusieurs de ses membres provenaient à l’origine de l’« UDF ». L’explication ? La nécessité de mettre le pays à l’abri de divisions tribales ». Il faudra cinq mois aux dirigeants de l’« UDF » et à leurs opposants de l’« AFORD » pour décoder, partiellement, le message de l’Afrique profonde à travers les urnes. « En septembre, M. Chihana acceptait la proposition du Président Muluzi de devenir second vice-président, fonction non prévue par la constitution et que le parlement dut créer. Il fut également nommé Ministre des Eaux et de l’Irrigation, et son parti, l’+ AFORD +, obtint trois autres postes ministériels. L’explication du Président ? La nécessité de mettre le pays à l’abri de divisions tribales ». Et comme les élites africaines préfèrent regarder leurs sociétés avec les yeux des ex-colonisateurs et non avec les leurs propres, l’« AFORD » affirmait qu’elle maintenait son statut de parti d’opposition.

    L’analyse détaillée des résultats électoraux au Malawi dessine les contours d’un net découpage régional et ethnique du pays. Ce clivage a toujours existé. Lorsque Kamuzu Banda, originaire du centre était au pouvoir, il « avait outrageusement favorisé le centre et avait notamment fait de sa langue maternelle, le chichewa, la langue officielle du Malawi, alors qu’elle n’est parlée que par une minorité de gens » (Le Courrier, n° 153, septembre-octobre 1995). Ce clivage - et le favoritisme qui s’ensuit - existe dans presque tous les Etats post-coloniaux d’Afrique. Il peut prendre l’une des formes suivantes : Nord-Sud, Nord-Centre-Sud, Est-Ouest, Est-Centre-Ouest, etc.

    Pour revenir à l’exemple malawite, il va sans dire que la meilleure façon de mettre le pays non pas à l’abri de divisions tribales, puisque celles-ci existent, mais à l’abri de violences intertribales, c’est de jeter tout bonnement à la poubelle les concepts de parti politique, multipartisme et opposition, et d’envisager une démocratie sur la base de trois entités ethnico-régionales à travers lesquelles les populations se reconnaissent. Car ce ne sont pas les charmes des idéologies de l’« AFORD », « MCP » et « UDF » qui ont convaincu les populations de voter massivement au nord pour l’« AFORD », au centre pour le « MCP » et au sud pour l’« UDF ». Le scrutin parlementaire malawite démontre clairement qu’une démocratie basée sur les sensibilités ethnico-régionales est une alternative qui s’impose en Afrique face à la fascination mimétique de la démocratie libérale. En effet, si avant les indépendances, l’ethnicité renvoyait à un mode d’organisation sociale, elle est devenue, la décolonisation aidant, un mode d’accès au pouvoir.

    AILLEURS EN AFRIQUE

    Ce qui est vrai pour le Malawi l’est pour l’ensemble des Etats africains. En août 1992, le multipartisme, lors de l’élection présidentielle au Congo-Brazzaville, n’était qu’un simple artifice. Le scrutin n’a pas opposé les trois partis principaux du pays : le « Parti congolais du travail (PCT) », l’ex-parti unique devenu un club privé dirigé par l’ancien et futur dictateur Denis Sassou Nguesso, le « Mouvement congolais pour le développement et la démocratie intégrale (MCDDI) » de Bernard Kolelas et l’« Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS) », le parti de Pascal Lissouba. Le trio Sassou-Kolelas-Lissouba représentait en réalité les trois grandes aires régionales et ethniques du Congo Brazzaville : « le Nord (Sassou) », « le Centre ou le Pool (Kolelas) » et « le Sud ou le fameux Nibolek, c’est-à-dire le pays Niari-Bouenza-Lekoumou (Lissouba) ». Des identités bien distinctes même dans la répartition géographique de la population de Brazzaville, la capitale : les quartiers de Talangaï et de Mikalou abritent en majorité les ressortissants du Nord, celui de Bacongo ceux du Pool et les Sudistes à Potopoto et Mongali. Ces groupes ethniques se sont militarisés suite à une démocratisation mal conçue, avec les « Ninjas » de Kolelas, les « Cobras » de Sassou et les « Zoulous » de Lissouba.

    En 1993, « l’élection de Mohamane Ousmane fut accueillie comme une revanche des + Haoussas + qui, bien que formant l’ethnie majoritaire (55 %), n’avaient jamais dirigé le Niger, le pouvoir étant détenu depuis l’indépendance par les + Djermas (influents dans l’armée) + » (Jeune Afrique, n° 1851 du 26 juin au 2 juillet 1996). Il en fut de même pendant les présidentielles de mars 1996 au Bénin, pays considéré comme le laboratoire de la démocratie du continent. Car « au delà des qualités respectives de chacun des candidats, la dimension régionaliste, voire ethnique, demeurait une donnée fondamentale du scrutin. Tout le monde se mobilisait derrière un leader politique de sa région d’origine » (Jeune Afrique, n° 1835, 6 au 12 mars 1996). Mais les élites béninoises, loin d’assumer leur ethnicité et leur régionalité, vivaient « cette permanence d’un vote régionaliste » comme « une véritable plaie, d’ailleurs largement débattue sur la place publique, au cours d’émissions de radio ou de télévision ». Parce qu’eux aussi voulaient jouer aux civilisés, voulaient ressembler aux Occidentaux.

    Après, comme avant et pendant les élections, l’ethnicité et/ou la régionalité sont présentes au rendez-vous, comme l’attestent également les changements de pouvoir survenus en République centrafricaine depuis le retour du multipartisme. Ceux-ci reflètent en réalité une guerre d’hégémonie opposant le Nord au Sud : d’un côté, le nordiste Ange-Félix Patassé, de l’autre, les mutins auxquels il devait faire face et dont la plupart étaient des Yakoma, ethnie de l’ex-dictateur, le sudiste André Kolingba. Dès la campagne électorale de 1993, Patassé avait promis implicitement que son élection serait synonyme de la revanche des « savaniers », les tribus du Nord, contre les « riverains », celles du Sud, longtemps dépositaires du pouvoir. On pourrait multiplier les exemples jusqu’à l’infini.

    Mayoyo Bitumba Tipo-Tipo : Construire la démocratie en afrique sur la « régionalité » ? est une simple question de bon sens.

    CONCLUSION

    Que la démocratie se base sur la région, cela correspond à un regard internalisé, contrairement à la fascination mimétique. Comme le note si bien Von Burgsdorff, « cette approche fédéraliste partant de la communauté semble bien correspondre à des sociétés caractérisées par des clivages ethniques très marqués et des structures socio-économiques fragmentées ». L’ignorer en jouant aux « civilisés » créant des partis politiques comme en Occident, c’est pratiquer la politique de l’autruche et exposer les Etats à l’agitation, la violence et l’instabilité. L’Afrique refuse obstinément de se rendre à l’évidence parce que ses élites politico-intellectuelles restent colonisées jusqu’à la moelle des os.

    Dans un prochain article, nous allons traiter d’un de rares pays africains à vivre une démocratie apaisée. Son secret ? Avoir intégré d’une certaine manière ce qui est dit ci-haut dans sa mécanique institutionnelle. Preuve, s’il en faut, que tous les Africains ne sont pas aussi aveugles que les Congolais et bien d’autres qui depuis les indépendances ne se rendent même pas compte que la démocratie occidentale n’est pas la démocratie tout court, qu’elle n’est qu’une forme de démocratie, qu’elle constitue une nuisance en Afrique, que d’autres formes de démocratie sont possibles et imaginables, et qu’il est temps d’ouvrir enfin le débat sur la démocratie au lieu de suivre des hommes politiques qui ne sont en réalité que des tonneaux vides dans ce domaine.


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