• Contributions de R. POATY-PANGOU & E. MABIALA ma MAYINGUIDI

    Pour que le pétrole Congolais coule pour les pauvres

     

    R. Poaty-Pangou & E. Mabiala ma Mayinguidi

     

    Quoi  et Comment faire pour que le pétrole coule pour  les pauvres, également pour que l’exploitation minière et celle des essences forestières contribuent à leur  prospérité.

    C’est aussi pour répondre à l’intolérable constat dont  le secours catholique vient  en dernier de faire un état complet (“Le pétrole ne coule pas pour les  pauvres“, Février 2011), que le second débat “Tribalité et redistribution de richesses“ à été envisagé dans la série des réflexions sur le concept de la “Tribalité“  initié par Kovalin Tchibinda Kouangou (“Livre blanc sur la Tribalité“, éd. Créavie, Fév. 2011)

    Les auteurs du secours catholique ne pouvaient mieux ouvrir cette étude que de rappeler les mêmes cinglants constats faits aussi par la représentation nationale Française. Celle-ci concluait déjà en Octobre 1999 à l’occasion d’un rapport d’information de la commission des affaires étrangères sur “le rôle des compagnies pétrolières dans la politique internationale et son impact social et environnemental“:

    En Afrique, la manne pétrolière n’a pas aidé le développement, les chefs d’État l’ont utilisée pour acheter des armes en Angola et au Congo Brazzaville. Au Gabon, au Cameroun, au Nigeria, on peine à découvrir à quoi a servi la rente pétrolière puisque la dette s’est accrue, les populations se sont appauvries, et les infrastructures sont dans un état déplorable. Maintien au pouvoir de dictatures, corruption, violence larvée, atteinte aux droits de l’homme et à l’environnement, tel est le bilan peu glorieux de l’exploitation pétrolière dans toute l’Afrique(sic).

    Dans un Congo où l’incurie, la corruption  et la mal gouvernance de l’appareil d’Etat sont devenues légendaires, l’inadaptation du centralisme du système unitariste justifie aussi l’absence d’une redistribution effective des ressources nationales.

    La reconstruction d’un état réel dans un système de fédéralisation régionale (“Potentiel de la régionalisation pour le développement au Congo“ R. Poaty-Pangou & E. Mabiala ma Mayinguidi ; Journal en ligne Mwinda, Mars 2010) est par conséquent le premier impératif qui garantisse que les populations et les finances publiques tirent effectivement profit de ces ressources nationales.

    La Tribalité soutient que les richesses nationales peuvent être utilisées au bénéfice de tous les Congolais pour améliorer leurs conditions de vie, appuyer leur développement et satisfaire leurs besoins.

    L’objectif est de mettre en place un système qui redistribuerait équitablement les dividendes des ressources relevant de la compétence nationale aux régions autonomes. Celles-ci ayant compétence et responsabilité pour assurer à leurs populations la nourriture, l’éducation de base, les soins médicaux primaires, et le travail.

    Ces objectifs sont inapplicables faute d’avoir développé une approche qui garantisse cette redistribution et permette d’obtenir une implication de nos  compatriotes des contrées les plus reculées, réduit à la lutte quotidienne pour la survie.

    Le pétrole, les minerais et les essences forestières sont donc potentiellement un des fondements du développement du Congo. Ces ressources dont la gestion relève de la compétence nationale dans le système fédéral envisagé, achoppent sur la même problématique de la faiblesse institutionnelle des dispositifs qui sont supposés en partager les fruits entre les exploitants privés, l’État et les populations.

    L’unitarisme et sa centralisation étatique excessive, limite sa capacité à redistribuer efficacement les dividendes de richesses nationales et ainsi résoudre les problèmes à caractère régionaux.

    Le risque du jacobinisme étatique dans la redistribution est la déperdition voire l’évaporation de dotation avant d’atteindre ses cibles régionales. L’absence d’institution de contrôle n’en fait qu’un amplificateur. Ce risque peut aussi se présenter sous forme de choix imposé des priorités d’actions économiques à entreprendre au niveau de ces bases régionales. On conçoit facilement que les intérêts et les priorités d’une zone septentrionale ne convergent pas nécessairement de ceux d’une zone australe ou méridionale.

    A contrario, dans un système fédéraliste, en ce qu’il présente à chaque niveau des institutions de contrôle efficaces, transparentes et impartiaux, le risque de déperdition et d’évaporation dans la redistribution y est fortement limité.

    La richesse en ressources naturelles Congolaise fascine tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ce découpage territorial arbitraire, hérité du congrès de Berlin de 1884. Les convulsions politiques observées depuis cinquante (50) ans sont aussi liées à la volonté acharnée d’accaparement de ces richesses. Ceci fait de l’économie Congolaise une économie essentiellement de prélèvement de la richesse brute, la valeur ajoutée se forgeant ailleurs au détriment des populations régionales locales qui voient partir les chargements de minerais, de bois et de pétrole vers les usines d’autres horizons.

    La fédéralisation régionale devrait par conséquent aussi permettre de générer la valeur ajoutée sur les territoires d’exploitation. Ceci d’autant plus qu’il est de notoriété publique que tout ce qui peut contribuer à la création de la valeur ajoutée sur un territoire est bénéfique et que l’argent reçu a moins de valeur que l’argent crée par sa propre vertu du travail.

    Attendu que les actions engagées par différents acteurs (coalition “Publiez Ce Que Vous Payez“ ; Extractives Industries Transparency Initiative (EITI) ; Transparency International ; Global Witness ; etc.) pour l’assainissement et la transparence de la gestion des ressources notamment pétrolières sont appréciables. Il est impératif que ces actions s’accompagnent de réformes institutionnelle et administrative radicales qui permettent une gestion et une redistribution efficace et non selon les errements qui ont trop souvent aboutis à la dilapidation de ces revenus.

    Les défis sont donc nombreux et de taille, toutefois il est certain que la stratégie de redistribution par dotation régionale équitable, conjuguée à la nécessité de création de valeur ajoutée sur les territoires et la capacité d’initiative et de création de richesse au niveau des bases régionales permettent un vrai essor de l’activité économique. Des progrès considérables sont ainsi possibles assez rapidement.

    Il faille pour ce faire que l’appareil d’État central retrouve une réelle fonctionnalité dans ses missions régaliennes, régulatrices d’équilibres socioéconomiques régionaux et de pilotage de grands projets Infra et Super structurels (voies et réseaux de communications), et que la volonté d’éradication de la corruption se matérialise par la mise en place des garde-fous institutionnels efficaces, transparents et impartiaux.


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