• POURQUOI LE GRAND DEBAT?

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    Le débat sur le thème Tribalité & Redistribution des richesses répond aux préoccupations de redistribution des richesses en Afrique en général et au Congo-Brazzaville en particulier, dont la gestion du Pétrole, du Bois et des autres ressources du pays est  l'apanage des membres du clan au pouvoir. 

    Comment les richesses du Congo-Brazzaville peuvent être mieux redistribuées entre les differentes tribalités composantes de l'unité nationale?

    Telle est la problématique posée par ce nouveau débat.

    Les principaux objectifs de ce débat sont:

    •   Analyser  les conditions de redistribution actuelle.
    •   Apporter des solutions pour une redistribution équitable des richesses nationales.

    L'étude de cas du Congo-Brazzaville servira à l'édification d'un projet économique applicable dans les differents pays d'Afrique sub-sahariens. Il est temps pour l'Afrique de construire un projet économique se basant sur ses spécificités plutôt que d'adopter des projets économiques clés en main venant des institutions de Breton Woods.

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    Quelques intervenants édition 2011

    Benoit KOUKEBENE

    Ancien Ministre du Pétrole du Congo-Brazzaville

    Saif LARIFOU

    Candidat à la vice présidence des Comores

    Gaston KELMAN

    Ecrivain

    LIEU
    Palais Bourbon
    126 Rue de l'université

    75000 Paris

    De 09H00 à 17H00
    Metro: Assemblée nationale Ligne 12
    INSCRIPTION
    Cliquez ici

    Pour accéder au Palais Bourbon  il faudra vous munir d'une pièce d'identité.

     

    Aimé MATSIKA

    Ancien Ministre d'Etat

    Président d'honneur

    Kovalin  TCHIBINDA KOUANGOU

    Initiateur et Organisateur


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  • Par Dominique Ngoïe Ngalla

    La République des citoyens n’est pas régime politique pour sauvages. Elle dresse un cadre d’institutions sociales, d’équipement technique et d’atmosphère spirituelle favorable à l’épanouissement et à l’accomplissement de l’homme. Sur le temps de longue durée. Le temps du surmontement dialectique des contractions entre l’avant et l’après. En cravate et en vestons griffés, parlant admirablement les langues d’Europe, bardée de diplômes, mais, si ce n’est à de rares exceptions, correctes et là encore, sous forme de promesse qui demande d’être tenue, qu’on ne s’y trompe pas, royaume de l’apparence et de l’illusion, l’Afrique noire se trouve encore loin, très loin de la République des citoyens. Elle n’est pas encore vraiment sortie de l’existence végétative, aléatoire et chaotique des habitants des forêts. Une brillante boutade dit qu’elle a les pieds dans l’argile et la tête dans le nucléaire. Cela signifie qu’elle s’est, sans transition, hissée au sommet du savoir et des connaissances humaines, en oubliant ou en négligeant le parcours éthique qui prépare à en amortir la violence du choc.

    Ignorant la loi et les relations sociales réglées qui sont le fondement de la République, ou bien connaissant la loi, mais encore incapable de lui obéir, faute d’avoir discipliné ses instincts sauvages et civilisé l’agressivité et l’égoïsme de ses passions, pour l’Afrique noire, la République des citoyens, c’est de la littérature; quelque chose qui ne pèse pas encore sur l’existence concrète de l’individu, qui n’oriente encore, ni ses conduites, ni ses comportements en société. Pour flirter avec l’étymologie d’un mot qui a si bonne origine, le citoyen, l’individu revêtu de la dignité de la citoyenneté, est celui-là qui habite un espace social particulier où l’obéissance à la loi garantit la liberté de chacun: la cité, la civitas des Latins et la polis des Grecs.

    Voilà pourquoi, même en Afrique où il n’est en vérité derrière ses plus beaux atours qu’un rustre, le citadin bénéficie, généralement, d’un préjugé favorable. On lui prête les mœurs policées du civilisé. Et son commerce est si agréable! Nos deux étymologies, grecque et latine, se retrouvent. Valeur et exigence éthique, la citoyenneté est ainsi le statut social de l’individu qui présente des aptitudes à vivre dans une communauté de gens bien élevés, aux passions naturelles adoucies par la culture. Une communauté de personnes libres et non de loups. Statut défini par une série d’obligations qui se résument en l’obéissance à la loi, laquelle a pour contrepartie, la jouissance d’avantages et de prérogatives déterminés par la loi, justement, des droits.

    Droits civils, droits sociaux, droits politiques, dans un contexte de sociabilité qui impose un ensemble de comportements visant à développer, entre égaux, des relations et des échanges réglés. La République naît du souci partagé de préservation de soi et de l’autre. La République (res publica: chose publique) est ainsi communauté de volontés qui place au centre de ses exigences l’intérêt général où chacun de ses membres trouve le sien.

    De sorte que l’intérêt général coïncide avec l’intérêt particulier. Cependant, ce souci de l’intérêt général bien compris est impossible sans éducation, sans civilisation de l’esprit; à commencer par l’élite installée aux commandes de l’Etat et dont l’égoïsme est la source principale des malheurs des pays africains post-indépendance. L’histoire de la démocratie fondée à Athènes, en Grèce, au début du Vème siècle avant notre ère, montre que de longues générations de préparation avaient été nécessaires, dans le courage, l’audace, l’inventivité politique et l’abnégation; et que ce fut, d’abord et longtemps, l’affaire de l’élite: de Solon à Clisthène.

    Dans l’Afrique indépendante, si on excepte Senghor, Alfa Oumar Konaré et cet étonnant Mandela, mue par une cupidité effrayante et une soif du pouvoir presque morbide, l’élite (ce qui en tient lieu, on peut le dire), s’est fourvoyée. Baptisant République, des régimes politiques gérés comme des bateaux ivres, à la merci de la furie des flots de haute mer (et de l’histoire).

    L’explication?

    Le trop grand nombre d’esprits attardés parmi la classe dirigeante dans une Afrique encore sauvage. De le dire ainsi sans détours, sans nuances, sans flatteries, soulève des vagues d’indignation parmi ces élites. Mais, les déclarations d’intention, les protestations indignées, les beaux discours rassurants ne changent rien à l’affaire. Les faits sont là. Dans ce continent où tout semble marcher à reculons, dans le sens contraire de l’histoire, combien sont-ils les Etats qui obéissent aux lois qu’ils se donnent eux-mêmes? Les droits de l’homme n’y sont-ils pas régulièrement bafoués avec le cynisme sauvagement tranquille que n’avaient pas les colonialistes de la pire espèce? Le respect ou la récusation des droits de l’homme révèle le niveau de socialisation des valeurs républicaines et de la démocratie. Jugée sur la très faible pratique de ces valeurs, jugée sur la façon indigne dont sont traités les citoyens dans la majorité des Etats africains, les Républiques africaines ne sont encore que des Républiques virtuelles; des Républiques d’intention; rien de vraiment concret, pour l’instant. Les valeurs socio-politiques de la démocratie, qui est le cadre institutionnel de fonctionnement de la République, sont restées des valeurs étrangères aux cultures locales. Elles ne peuvent, de ce fait, pour l’instant, orienter des conduites sociales, politiques dont la rudesse et la brutalité tranquilles révèlent la distance qui les sépare des conduites et des comportements républicains attendus. C’est que la République des citoyens libres et égaux dans leur quête de bonheur, est un cheminement, un processus. Le philosophe français Paul Ricœur y voit une aventure éthique.

    Déjà pas si aisé, même dans les pays civilisés de vieille démocratie, ce processus rencontre, en Afrique, des difficultés supplémentaires, du fait de l’ambiguïté du statut du citoyen chez qui la pression du groupe d’appartenance affaiblit ou retarde la construction du lien d’allégeance prioritaire à l’Etat. Faute d’éducation, l’Etat reste, pour lui, une simple idée, une abstraction. Avec l’Etat, le rapport n’est pas d’ordre affectif, comme l’est celui qui le lie à son groupe d’appartenance. Pour cette raison, le groupe a, pour lui, l’existence sensible, dense, concrète que l’Etat n’a pas. Et pour ne rien arranger, voilà qu’existe une classe politique qui ignore ce qu’est l’intérêt général. Chez elle aussi, comble de malheur, évidence du primat du groupe d’appartenance (l’ethnie) sur l’Etat, bien commun que, pourtant, elle incarne.

    A ces postures, individuelles et collectives, qui sont autant de freins à l’émergence, en Afrique noire, de la citoyenneté vécue, (souci, chez chacun, de l’intérêt général, lequel coïncide avec l’intérêt particulier, une éthique et une morale civique donc) vient s’ajouter le poids de l’histoire récente et en cours: muselés tout le temps que dura la colonisation, les peuples noirs d’Afrique ne le sont pas moins après le départ du colonisateur.

    En faisant obligation à tous de penser comme pensent le parti et le groupe dirigeant, l’avènement des régimes politiques autoritaires de parti unique à pensée unique a fait des ravages dans les consciences violées. Ceux qui avaient longtemps rêvé de liberté dans une Afrique décolonisée se retrouvèrent brutalement jetés loin de la République qui résonne comme idéal de sécurité personnelle et espace de liberté. Celle-ci allant, pour le citoyen, jusqu’au droit de s’opposer à l’Etat lui-même, si celui-ci venait à le menacer dans ses droits. Selon les pays et les régions, les régimes autoritaires de parti unique sévirent en Afrique pendant une durée de trente ans minimum. Soit une génération. Trente ans d’autoritarisme, ça laisse des traces durables. Ça structure des mentalités, des manières de sentir, de penser et d’agir. Que peuvent alors, sur des populations incultes et dont un matraquage idéologique accompagné d’actes d’intimidation, a engourdi l’intelligence et le jugement; que peuvent des démocraties de bricolage conduites par des individus façonnés par la pensée unique? Pas grand-chose.

    Trente ans d’agression psychologique et physique furent une durée suffisante pour transformer en troupeaux, des millions d’hommes et de femmes. Résignés, asservis; le contraire, absolument, de l’esprit citoyen. Le réveil ne sera possible que si la classe politique et la classe dirigeante libèrent, (à leurs dépens) la parole du peuple.

    Mais, en attendant, pas toujours motivé par le mérite ou des aptitudes de celui qui le brigue, l’appétit du pouvoir est bien grand chez cette classe dirigeante africaine perdue de vanité et sans crainte d’être frappée par la loi, enrichie frauduleusement et qui ajoute à l’inconscience un esprit si étriqué qu’elle n’est pas capable d’arrimer l’Afrique à la modernité. Elle a, pourtant, beau jeu de vitupérer la colonisation! Mais, des esprits lucides et neutres, simplement critiques, loin de toute intention subversive, peuvent vous assurer que du versant inhumain de la colonisation de l’Afrique, la gestion sociale de l’Afrique indépendante est la copie fidèle et le funeste prolongement.


    Tristes tropiques! La volonté obstinée de rester archaïque dans l’action est peut-être une esthétique, mais on peut en préférer d’autres!


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  • Ségrégation foncière, Pillage économique et Compétences transférables comme facteurs de (sous-) développement en Afrique francophone : l’exemple  du Gabon

     

    Monsieur Christian MAYANDJI intervient le 25 septembre 2010, à l’Institut des Etudes Politiques de Strasbourg (IEP), dans le cadre de la conférence-débat consacrée aux 50 ans d’indépendances des Etats d’Afrique qu’organise le CDACE. Il nous fait partager ses précédentes interventions à la fête de l’humanité (stand de Survie sur invitation de PVA Gabon) : 11/09/2010 et à la conférence-débat sur le diagnostic et les potentialités d’un nouveau cadre de développement économique, politique et social des Etats de la CEMAC : 24-25/09/2010.

     

     Les commentaires du schéma

    Le circuit vert représente le circuit de l’accumulation du capital et des revenus du capital

    Le circuit mauve représente le circuit de paupérisation et d’accumulation des revenus dutravail (salaire, primes)

    (1)  Durant la période coloniale :

    A – Définition de la législation portant sur l’activité économique des territoires sous souveraineté essentiellement par décret de l’exécutif, notamment du Ministère des Colonies et exceptionnellement par délibération du parlement ;

    B - Délégation de missions d’administration publique du territoire sous souveraineté

    Après accession à la souveraineté républicaine :

    C – Cession du patrimoine publique à l’Etat gabonais au titre, en sa qualité de puissance publique, de son droit de souveraineté ;

    D – Cession du patrimoine privé – notamment des  territoires relevant auparavant, et dans les faits, du contrôle des populations locales – uniquement à l’Etat gabonais qui devient de ce fait et dans la confusion le principal propriétaire foncier de la république gabonaise.

    E – Accords de coopération et d’assistance technique

    F – Couverture des risques politiques et commerciaux des entreprises françaises

    -          Directement par le biais de l’intervention des établissements spécialisés de statut  publics, para - publics ou privé à capitaux partiellement  publics ou totalement privé.

    -          Indirectement par la pression économico-financière, militaire et politique en cas de non exécution des contrats signés avec les entreprises représentant les intérêts de la France.

     (2)  Durant la période coloniale :

    A – Suppression de la capacité juridique des populations locales en matière politique (création du statut de sujet de l’Empire français par opposition au statut de citoyen de la République Française) et en matière d’initiative  économique (suppression du droit d’accès à la propriété [privée], notamment foncière) pendant la période coloniale. L’Etat français exerce sa souveraineté sur la partie du patrimoine relevant du domaine public et  est propriétaire de la partie du patrimoine relevant du domaine privé  dans les territoires de l’Empire ; donc pas d’accès au processus de capitalisation permettant de construire un tissu local d’entrepreneurs privés et de capitaines africains d’industries à l’instar de ce qui s’est développé parallèlement dans les actuels pays occidentaux.

    Après l’accession à la souveraineté républicaine :

    B – Accession des populations gabonaises à la citoyenneté

    -          Rétablissement de la capacité juridique en matière politique (droit de vote), mais « encadrement » de son exercice ;

    -          Limitation de la capacité juridique des citoyens gabonais à accéder à la propriété foncière uniquement dans les agglomérations situées à l’intérieur des communes de plein exercice ; en dehors de ce périmètre, les citoyens gabonais ne reçoivent que des titres d’occupations lorsqu’ils ont l’opportunité d’être informés de la démarche à suivre pour se faire reconnaitre quelques droits.

    C – la capacité juridique des collectivités territoriales est également limitée au point qu’elles sont amenées à subir l’implantation des entreprises bénéficiaires des concessions ou de permis d’exploitation. Elles n’ont que très peu de moyens juridiques d’exercer la moindre contrainte sur ces entreprises - ni le moindre contrôle en matière de gestion de l’environnement – en dehors exceptionnellement de la fixation du montant de ses taxes. La perception de ses recettes est assurée par le trésor public et redistribué par le trésor public. Pour les moindres investissements dans le périmètre de leurs juridictions, ces collectivités sont réduites à « mendier » à des subventions au près des entreprises concessionnaires ou à attendre les décisions d’intervention du Gouvernement.

    D – Des mouvements de défense des citoyens se créent mais les actions restent corporatistes ou territoriales pour l’essentiel et limitée par la faible préparation à des formes de luttes frontales de longue durée. Les associations, les groupes de pression, et les organisations non gouvernementales prennent le relais avec des succès encore timides.

    E – L’Etat, principal propriétaire foncier, est également le principal employeur de la République Gabonaise. Pour faire face à ces charges de fonctionnement et surtout éviter la chute du régime en place depuis l’accession à l’indépendance, cet Etat est condamné à la fuite en avant en maintenant le régime des concessions, en s’impliquant directement dans le montage financier et juridiques des opérations internationales, et en bradant à des conditions léonines l’exploitation des ressources naturelles au lieu de promouvoir le développement de ses produits primaires en s’appuyant sur le travail des populations locales.

     (3)  Compétences de l’administration coloniale, puis par l’Etat souverain :

    A - Attribution de concessions de gestion ou d’exploitation, de permis, d’autorisation de commerce

    B – Perception des ressources fiscales et para – fiscales ;

    C – Exécution du budget de fonctionnement et d’investissements publics ;

    Mode d’implantation des entreprises multinationales :

    D – Signature des contrats internationaux de droit privé par les entreprises multinationales et l’Etat  du Gabon agissant à la fois en tant que souverain sur le domaine public et en tant que propriétaire du domaine privé, notamment foncier sur l’étendue de la république gabonaise ;

     (4)  A - Contrôle des opérations et des transactions internationales :

    -          Gestion des infrastructures portuaires et aéroportuaires ;

    -          Contrôle des fournitures des biens et services à l’Etat gabonais ;

    -          Orientation du secteur privé de l’économie gabonaise vers des investissements à cycle court de rentabilité, avec un absence ou une gestion maîtrisée  des risques politiques et commerciaux, donc absence de politique privée d’industrialisation tournée vers l’exportation en dehors des activités d’extraction minières, pétrolières et forestières ;

    -          Maitrise des circuits de distribution en équipements domestiques et en produits importés de consommation courante ;

    -          Faible présence de circuits ou filières de distribution de véhicules et d’équipements industriels

    -          Développement des emplois précaires, du cadre institutionnel du salariat,

    B - Développement des emplois précaires, du cadre institutionnel du salariat,

    -          Recrutement de la main d’œuvre expatriée (dans l’ordre et jusqu’à la fin des années 1970)

    1. Européenne pour l’encadrement stratégique et intermédiaire,
    2. Africaine pour l’encadrement de proximité,
    3. Locale pour le personnel d’exécution

    -           Organisation  de l’emploi privé et distribution des revenus du travail, principalement des salaires pour la main d’œuvre locale et régulièrement des honoraires pour une partie de la main d’œuvre expatriée ;

     (5)  A – Le principal moteur de croissance de l’économie est le développement de ses échanges internationaux. L’Etat favorise et organise l’expansion ainsi que l’implantation des entreprises françaises dans les autres pays. L’instrument de ce dispositif est le réseau des postes d’expansion économique (banques, assurances, ambassades, consulats, unités militaires, réseaux d’entreprises déjà implantées..)  chargé de faciliter et de sécuriser les opérations de ces entreprises.

    B -  Il faut souligner que le poids des économies africaines dans l’économie française est, contrairement à nos convictions idéologiques, plus faible que celui des entreprises françaises dans nos économies notamment en Afrique subsaharienne : ces entreprises ont un effet structurant. Ce constat doit être nuancé :

    -          Les ressources exploitées dans certains pays ont un rôle relativement stratégique pour l’économie française même si la valeur à l’entrée sur le territoire français est faible ; à vrai dire, cette faible valorisation ne s’explique que par le choix de limiter le cycle d’investissement dans le territoire d’approvisionnement et de le poursuivre au plus près des consommateurs ;

    -          Les ressources exploitées sont vendus par d’autres filiales des mêmes multinationales sur les marchés internationaux et les ressources financières qui en découlent sont versées par d’autres filiales du même groupe spécialisées dans la gestion de la trésorerie inter-entreprise. Du fait de ces multiples circuits, on peut considérer les pays détenteurs de ressources enregistrent certes les exportations, mais elles ne maîtrisent ni la vente, ni la gestion financière des fruits de cette vente. L’essentiel de la valorisation s’effectue à ces niveaux de la filière pour le compte des filiales spécialisées, et – par le biais de la consolidation des comptes – de la holding faisant office de société-mère. Cette valorisation renforce indirectement l’économie française. L’impact sur l’économie gabonaise ne peut s’apprécier que par les ressources fiscales ou para - fiscales ainsi que par les participations qui reviennent légalement ou contractuellement à la partie gabonaise.

     Les conséquences

    Nous pouvons considérer à travers cette monographie que

    - le système capitaliste s’est bien étendu aux filières économiques des secteurs institutionnels et informels au Gabon. Un dispositif spécifique mis en place par décret prive les populations locales d’accéder au capital foncier, élément déterminant permettant de bénéficier des revenus du capital et construire une classe locale d’initiateurs économiques et de capitaines d’industries capables, par leurs moyens et leurs actions, de produire des effets structurants sur l’économie gabonaise ;

    - les entreprises françaises sont les principaux facteurs de la spirale inflationniste en Afrique par le rôle qu’elles jouent en (4), de la hausse du coût de la vie et de la compression du pouvoir d'achat des populations africaines : du fait de leur position dominante et leurs facultés à exploiter l’ignorance de leurs clients, elles ont influencé les prix industriels et domestiques à la hausse, tout en limitant le niveau et la progression des revenus du travail ; Cela a eu pour conséquence une hausse du niveau de vie mais une baisse de la qualité de vie pour la majorité de la population.

    - les activités développées n’apportent pas de réelles valeurs ajoutées pour un développement des économies locales  favorables aux intérêts des populations des pays concernées (cf. 3 et 4) ; la propension à drainer et canaliser les circuits financiers n’est plus à démontrer.

    - Les entreprises françaises en situation monopolistique ont détourné la finalité des économies africaines (4)

    * en les transformant en marchés captifs

    * en raccourcissant les cycles d'exploitation de chaque activité

    * en détournant les priorités d'investissements publiques

    par un lobbying très actif au plus haut sommet de chaque Etat (1 et 5) et par la neutralisation des échelles inférieures de décision.

    A vrai dire, l’acte de pillage commence avec l’acte d’exclusion des populations locales du droit à la propriété sous la forme d’un décret du ministère des colonies (cf. 2). Cet acte qui se présente sous aspects généreux, à l’instar de la nouvelle charte des entreprises rédigées à l’occasion du sommet franco-africain le 01/06/2010 (cf. note de bas de page) : ce décret accorde aux populations locales le droit de mettre en valeur les terres qu’ils occupent uniquement à des fins de consommation des produits qu’ils en tirent. En fait, cet acte constate qu’en tant que sujet de l’empire, ces populations ont perdu les droits économiques dévolus aux seuls citoyens de la République française aussi bien en métropole que sur le territoire de l’empire. Les formules littéraires ont sur ce plan fortement aidé les autorités à prendre des décisions sans avoir l’impression d’opprimer les destinataires de ce décret. De même, on peut observer que les déclarations d’intention contenues dans la nouvelle charte reconnaissent à demi mots la responsabilité des entreprises françaises dans la faillite des économies africaines. Elles témoignent en même temps des limites de leur engagement à modifier la situation. Cet engagement est conditionné par la capacité à contenir la menace chinoise et le maintien de leurs intérêts en l’état. Plutôt qu’une remise en cause de la finalité de leurs interventions, l’attitude de ces entreprises reste confinée à l’aménagement de ces interventions : nous nous engageons à faire moins mal, mais nous ne pouvons éviter de faire mal. Tel peut se résumer la charte. Vu ainsi, le pillage économique ne fait que changer de forme. Les pays africains peuvent – ils sortir de cette logique ?

    La réponse à laquelle ces pays sont renvoyés est de s’orienter vers une meilleure exigence et pratique de la démocratie (cf. Charte du 01/06/2010 en annexe), sauf que la mise en œuvre entraine les pays vers des crises sociales brutalement interrompues par des brutaux rétablissements de l’ordre - sous forme d’interventions militaires et d’arrestations arbitraires ou exécutions sommaires - et suivie par la reprise des activités économiques des entreprises françaises. L’Etat – surtout le régime en place – sort un peu plus affaibli par la nouvelle épreuve sociale, la population ébranlée perd un peu plus confiance dans ses institutions et dans l’espoir d’une vie meilleure. Seules les entreprises françaises sembles sortir indemne de ces épreuves – cycle, revendications, crises, rétablissement de l’ordre - et même un peu plus solides. Pourquoi cette apparente impassibilité et invulnérabilité face aux mouvements socio-économiques ?

    Les entreprises sont ou vivent comme des enclaves protégés juridiquement et militairement (cf. 1 et 5) des conséquences des actes économiques qu’elles posent.

     Conclusion

    Les entreprises françaises ont été les principales bénéficiaires des velléités d'expansion ou de développement des républiques africaines. Les populations africaines en ont été les victimes. Il y a cependant des solutions alternatives pour modifier ce système en attaquant à la racine les mécanismes pervers mis en place par ces entreprises : le ré - examen des montages juridiques, financiers et techniques des projets économiques dans un sens plus favorable aux populations locales ainsi des reformes du patrimoine foncier, notamment du domaine privé de l’Etat sont impératifs.

    Pour plus d'informations cliquez ici: http://odmfrance.web.officelive.com/default.aspx/


    Christian MAYANDJI

    Consultant en Management


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  • Ce débat répondait aux préoccupations soulevées par la résurgence du tribalisme en Afrique en général et au Congo-Brazzaville en particulier, dont la gestion clanique du pouvoir est l’une des illustrations.

    Cinquante ans après les indépendances, il a eu pour objectif d’associer tous les africains à une réflexion de fond sur la tribalité, en ce début de 21ème siècle.

    Ce débat a favorisé la construction d’une vision mieux partagée de ce qu’est la tribalité aujourd’hui.

    Il a fait émerger, à partir de propositions mises en débat par les différents participants, des propositions permettant de conforter la conscience et l’unité nationale et donc la place de l’ethnie dans le processus du développement économique de l’Afrique.

    LIVRE BLANC SUR LA TRIBALITE

    SYNOPSIS

    On a souvent coutume d’appréhender l’histoire de l’Afrique à travers la colonisation. Bien avant l’arrivée des européens, il y ‘avait sur le continent noir de grands empires et royaumes (Royaume Kongo, Royaume du Ghana, Royaume du Mali etc.) dont l’organisation sociale était le reflet d’une société humaine bien administrée et hiérarchisée.

    Cinquante ans après les indépendances, la plupart des pays africains contemporains dont les frontières ont été définies à la conférence de Berlin en 1884 n’ont pas réussi à construire une véritable conscience et unité nationale. C’est pour comprendre les raisons de cet échec à travers le cas du Congo-Brazzaville que fut organiser le 27 mars 2010 au Palais Bourbon (Assemblée Nationale française), un grand colloque sur le thème Tribalité et Développement.

    L’initiateur de cette rencontre Kovalin Tchibinda Kouangou, Ingénieur Informaticien, Chef d’entreprise, panafricaniste convaincu et acteur politique du Congo-Brazzaville, voulait par cette rencontre inviter les africains à réfléchir à la mise place d’un système politique, institutionnel et économique tenant compte de leur sociologie et de leur culture.

    On sait qu’en Afrique la tribu (ou l’ethnie) est un élément essentiel de la sociologie. Lorsque les populations africaines sont invitées à voter, elles ne font pas leur choix en fonction d’un programme ou d’une idéologie politique, mais très souvent en fonction de leur sensibilité ethnique. La démocratie occidentale basée sur le vote citoyen à partir de choix idéologique se heurte dans de nombreux pays africains à un vote tribal basé sur le paradigme de la confiance.

    Le Livre Blanc sur la Tribalité, a pour objet de ressortir l’ensemble des réflexions et analyses qui ont émaillé le grand débat sur la tribalité. Vous trouverez dans ce livre des propositions originales en terme institutionnel (Présidence tournante, Présidence collégiale entre zones ethnolinguistiques, le recours au tirage au sort et non au suffrage universel pour choisir les dirigeants etc.)

     

    Sur le plan économique certains experts proposent la généralisation du système de la Tontine dans la sphère macroéconomique des états africains.

    Le Livre Blanc sur la Tribalité veut éveiller la nouvelle élite africaine afin qu’elle prenne sa responsabilité historique en sortant de l’aliénation culturelle qui la caractérise. Les nouveaux leaders africains doivent sortir du « prêt à porter » institutionnel des occidentaux pour épouser « le sur mesure » à l’Africaine.

    La Tribalité dans ce sens devient la clé de voûte de la sécurité, de la paix sociale et le gage certain d’une croissance économique intégrale qui donnera à l’Afrique une place prépondérante dans la mondialisation.


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