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    sans titre

    L’article, dont intitulé : « L’IRRÉVERSIBILITE DE L'OPTION SÉCESSIONISTE EN AFRIQUE : LE CAS DU CONGO BRAZZAVILLE. », que j’ai, il y a quelques mois publié dans un hebdomadaire local puis sur Internet, a été perçu par certains « tribalistes » récalcitrants et irréductibles qui se réservent bien de s’afficher comme tels, comme un brûlot susceptible d’attiser la haine tribale. C’est du reste l’argument récurrent dont on use pour espérer, par la peur, étrangler tout débat sur ce sujet pourtant essentiel de la construction d’une véritable « nation congolaise ». Par Daniel Nkouta.

     

     

    Quand cet argument est brandi par des fanatiques d’un régime dont la seule essence est justement la pratique du « tribalisme » au quotidien, cela relève de la pure hypocrisie, et aucun Magistrat n’osera, en toute conscience, le regard franc, faire grief à un Congolais de diffuser des propos réputés dangereux pour leur ethnicité, lorsque l’on sait qu’ici et là, et cela depuis le retour de Sassou, les nominations dans toutes les institutions répondent justement au seul critère ethnique par un régime qui a décidé de mettre la compétence en congé ad vitam.

     

    Ces hypocrites s’abritent derrière le premier article trompeur de ce qui nous tient lieu de « Constitution », et qui ne contient dans sa formulation aucune réalité lorsqu’il proclame : « La République du Congo est un État souverain, indivisible, laïc, social et démocratique ». Belle arnaque ! On sait tous qu’un pays dont les seules fêtes officielles et célébrées sont chrétiennes, n’a rien d’Etat laïc, et le Congo n’a rien de souverain, d’indivisible, de social ni de démocratique. Ainsi, pour menacer toute velléité de mise en cause de cette sacro-sainte indivisibilité de la République, on proclame le « principe de l'intangibilité des frontières ». Ce principe issu du Droit romain, qui autorisait une partie à contester et à réclamer un territoire qui a été acquis par la guerre, a servi de légitimer la conquête coloniale du continent africain. S'appuyant sur ce principe d’une évidente absurdité, les nouveaux Etats africains nés au lendemain des indépendances ont, à travers l’« Organisation de L’Unité Africaine (OUA) » espéré par ce biais réduire la possibilité de guerres frontalières entre les nouveaux Etats indépendants. Cinquante années plus tard, nonobstant le fait que de nombreux litiges de revendication de frontières opposent ces Etats, l’on tente obstinément de nier l’évidence en regardant dans le sens contraire de la réalité.

     

    Le constat de l’absurdité, mais surtout de la dangerosité des frontières léguées par la colonisation est une vérité d’évidence. Ces frontières résultant de la simple articulation du pantographe des intérêts et des rapports de forces des puissances coloniales, en ignorant la réalité sociologique et historique des populations, ont généré des problèmes insolubles résidant dans l’impossible cohabitation harmonieuse des groupes ethniques qui y ont été enfermés d’autorité.

     

    Les Chefs d’Etat africains engoncés dans leur certitude de « l’intangibilité des frontières », ont fait mine d’ignorer le drame d’un Soudan délité au sein duquel la population de la partie méridionale avait cessé d’être un peuple pour muer en une population qui voyait ses droits légitimes bafoués par la partie septentrionale détentrice du pouvoir politique et militaire, pour générer in fine un déni de droits qui a abouti à une guerre dite civile, harassante. Cette situation du Sud Soudan, si l’on persiste ici et là à jouer les sourds aux gémissements des populations asservies par le pouvoir d’une ethnie arrogante, pourrait très bientôt devenir contagieuse dans le continent.

     

    On a beau vouloir par l’intimidation propre au régime policier, interdire tout débat tendant à réfléchir sur la question de la validité du « principe de l’intangibilité des frontières héritées du colonialisme », et donc sur la question de la fictivité des nations africaines enfermées à l’intérieur de ces frontières, on a beau vouloir par des théories absconses donner à croire que telle approche constitue un brûlot susceptible de dynamiter la stabilité de la société actuelle pour bancale qu’elle soit, et que donc, comme la foi chrétienne, toute tentative de questionnement sur le sujet est blasphématoire, et qu’il suffit de croire que la nation congolaise existe sans s’interroger sur sa réalité pour cela soit vrai; on avance sourdement mais sûrement vers l’éclatement de la fameuse « République une et indivisible ». La « nation congolaise » est morte, elle a été tuée par la « mboshisation » de l’Etat dans la totalité de ses compartiments, dont les récentes « nominations » des « Généraux » au parcours scolaire douteux est la consécration, acte solennel de la privatisation de la « Force publique en Forces Armées Claniques (FAC) ». Je ne cesserai de la clamer, notre fameuse « nation congolaise » n’aura en fait été et demeure qu’une simple pétition de principe une formule incantatoire.

     

    Les naïfs qui refusent de lire la vérité ont beau chanter que la nation congolaise existe, et que nonobstant le verdict des faits qui statue en sens contraire, il convient de nous convaincre qu’avec le temps, malgré leur apparente hétérogénéité, les diverses populations du Congo finiront par constituer une « nation congolaise » au sens propre du vocable, proclamant que notre diversité est une richesse ; chaque jour qui passe, cette espérance s’amenuise. Il s'est, hélas, trouvé à chaque période du parcours historique de notre société depuis cinquante ans, je demeure courtois, des pires imbéciles, des déments et des criminels de notre intelligentsia ou ce qui en tient lieu, qui se sont trompés du tout au tout, prenant ce discours empreint de lyrisme candide pour de la science, ces certitudes tranquilles pour des démonstrations scientifiques. Ces cerveaux à la santé douteuse qui se laissent bercer par l’espérance d’une « nation congolaise » hybride du Nord au Sud justifiée et magnifiée par des raccourcis nauséeux qui donnent le vertige, s’emploient à diffuser des théories sans lendemain qui étourdissent nos diverses populations martyrisées, professant un concept national cité à comparaître devant l’histoire.

     

    La question essentielle aujourd’hui après cinquante ans de tergiversation dans la recherche de la solution idoine pour notre développement, c’est de trouver la cause de cette déchéance que personne ne saurait nier. Certaines théories qui s’imposent à nos sens, non à cause de leur valeur, mais à cause de la notoriété prétendue de leurs auteurs, affirment sans souci de preuve, que certaines maladies du corps social comme : la « mauvaise gouvernance », le « fanatisme », l'« irréligion », seraient la cause de la déchéance déplorée de toute société humaine. Je consens personnellement comme l’opinion générale, que le développement de ces tristes fléaux est un frein à l’émergence d’une société moderne. J’entends toutefois préciser que si ces fléaux de désorganisation qui ne sont en réalité que des épiphénomènes, ne sont pas entés sur un principe destructeur plus vigoureux, s'ils ne sont pas les conséquences d'un mal caché plus dangereux, on peut rester assuré que leurs coups ne seront pas mortels, et tôt ou tard la société en guérira.

     

    La cause réelle de la déchéance d’une société se trouve ailleurs. Pour la diagnostiquer, il faut préalablement nous entendre sur la définition du vocable « société » autrement dit bien expliquer d'abord ce qu’il convient d’entendre par ce vocable. La société, loin s’en faut, n'est pas comme on le laisse croire, le cercle plus ou moins étendu dans lequel s'exerce, sous une forme ou sous une autre, une souveraineté distincte. La société est une réunion, plus ou moins parfaite au point de vue politique, mais complète au point de vue social, d'hommes et de femmes vivant sous la direction d'idées semblables et avec des instincts identiques. C’est au sein de ce corps social autrement désigné par « nation » ou « peuple » notion débarrassée de l’amphibologie qui en résulte souvent, et distincte de « population » qu'existe la cause de sa déchéance. Et en creusant plus loin que l'écorce avec la volonté de comprendre vraiment, on trouve inévitablement l'existence irrécusable, bien que latente, d'une cause générale de la déchéance d’un corps social : « la dégénérescence ». La dégénérescence d’un corps social signifie que ce peuple n'a plus la valeur intrinsèque qu'autrefois il possédait, parce qu'il n'a plus dans ses veines le même sang, dont des alliages successifs ont graduellement modifié la valeur. Autrement dit, qu'avec le même nom, les membres de ce peuple n'ont pas conservé la même nature que leurs ancêtres ; que l'homme de la déchéance est un produit différent. Tout être humain crée sa culture à l’intérieur d’une communauté qui se définit par opposition aux autres. C’est une loi de la nature que les théories assimilatrices diffusées par les falsificateurs ne sauraient démentir.

     

    L’on voudra bien soutenir, il est vrai, que cet homme du compromis né de la greffe sociale multiethnique possède quelque chose de son essence originelle; mais, plus il dégénère, plus ce quelque chose s'atténue. Les éléments hétérogènes qui prédominent désormais en lui, composent une nationalité toute nouvelle et bien malencontreuse dans son originalité. Il n'appartient à ceux qu'il dit encore être ses ascendants qu'en ligne très collatérale. Il mourra définitivement et sa civilisation avec lui, le jour où l'élément ethnique primordial se trouvera tellement subdivisé et noyé dans des apports d’ethnies hétérogènes, que la virtualité de cet élément n'exercera plus désormais d'action suffisante. Elle ne disparaîtra pas, sans doute, d'une manière absolue ; mais, dans la pratique, elle sera tellement combattue, tellement affaiblie, que sa force deviendra de moins en moins sensible, et c'est à ce moment que la dégénérescence pourra être considérée comme complète, et que tous ses effets apparaîtront, car, c’est une certitude scientifique que toute nation meurt lorsqu’elle est se trouve composée d'éléments dégénérés.

     

    Lorsque je révèle ces vérités qui mériteraient pourtant de faire partie de l’enseignement dans nos écoles, afin que nos enfants puissent comprendre pourquoi, dans un pays producteur de pétrole ils doivent s’asseoir à même le sol dans les salles de classe, que nos hôpitaux ne disposent d’aucun médicament, que nos soldats ou ce qui en tient lieu sont mal vêtus, que nos quartiers vivent sans eau potable et sans électricité, que dans nos casernes désormais la langue officielle est devenue le mboshi, etc., on dit, cet homme est dangereux, il est « tribaliste » ! Ce qui dérange le plus, c’est que j’ai toujours revendiqué avec courage et fierté ma « tribalité », n’ayant jamais prêté le moindre serment m’interdisant d’être « tribaliste », ce qui est différent pour Sassou qui lui est tenu par un serment devant le pays dont il est tristement parjure.

     

    Mais comment en sommes nous arrivés là ? La cause gît dans la partie de notre histoire jamais enseignée. Et même si l’on avait voulu enseigner ce pan de notre histoire, si la tâche est facile dans le midi du pays, il faut dire qu’elle n’est pas aisée pour l’historien qui s’emploierait à rechercher les sources sur l'origine et l'histoire des peuplades du septentrion de ce qui nous tient lieu de pays commun. Hormis le fait que la totalité de leurs régions sont forestières, le gros handicap pour l’historien vient de ce que ces régions sont abondamment inondées, l'eau, qui n’autorise pas de laisser des traces sur son plan, dégradant ensuite systématiquement tous les vestiges. Enfin, le mode de vie dicté par la pêche conduit à un nomadisme au gré des saisons. Cette situation de vasière envahissante a conduit à l’époque de la pénétration coloniale, un administrateur colonial à déclarer, que cette zone ne doit pas être mesurée en mètre carré, mais en hectolitres. Conséquences fâcheuses, le défaut de vestiges archéologiques, fait de ces peuplades des êtres anhistoriques, car retracer l’histoire de ces zones marécageuses n’est désormais réalisable que par une succession d'hypothèses, et d’ailleurs, comme l’a mentionné avant moi un autre citoyen averti, la mémoire vive interrogée par les premiers explorateurs détenant l'écriture, n'a pu nous restituer que cinq générations au mieux. Ce qui est très peu pour fonder l’histoire d’un peuple.

     

    La première constatation de cette situation est, qu’issus de ces zones où l’eau et la forêt règnent en souveraines interdisant toute pratique de l’agriculture ; nos amis du Nord n’ont connu jusqu’ici que la civilisation de la cueillette, qui leur épargne le moindre effort pour trouver la nourriture dans la terre, la mère nourricière de toutes les civilisations. Ils cueillent tout dans la nature, ils pèchent et chassent ; hormis les « Tékés », les « Mboshis » ne cultivent rien. Conséquence immédiate : « Ledza Lenua ». Vivant depuis toujours au bord de l’eau quand ce n’est pas dans l’eau, où il suffit donc simplement de puiser directement dans le marigot ou la rivière, quelque soit le « Mboshi » qui viendra au pouvoir, la question de l’eau potable dans nos Communes, ne sera jamais une préoccupation. Habitués dans une cohabitation séculaire avec le moustique, la condition hygiénique dans nos agglomérations n’a jamais été dans la pensée de l’homme du Nord. Crions, vociférons, nous ne changerons rien dans leur mode de pensée. Si sous Alphonse Massamba ma N'Debani l’on a pu constater les nombreuses réalisations sur le plan économiques, les Présidents du Nord nous ont servi un hiatus profond et effrayant entre le discours et l’action.

     

    Mais pourquoi donc les « Tékés » qui cohabitent avec ces « Mboshis » depuis longtemps, sont-ils différents, laborieux, sociables, organisés, me rétorquera-t-on ? La réponse se trouve d’une part dans le fait que les « Tékés », longtemps avant la pénétration coloniale, connaissaient déjà la notion de pouvoir central et ont toujours eu le sens du commerce. Autrement dit, ils connaissaient déjà la civilisation. L’autre raison est le fait qu’historiquement, in fine culturellement, les « Tékés » et les « Mboshis » n’ont rien, absolument rien en commun.

     

    En tout cas, cette belle pagaille de la vasière qui couvre l’étendue septentrionale, aura permis de dissimuler la traçabilité des origines réelles de certaines peuplades du Nord, autorisant la confusion malheureuse, volontairement entretenue depuis longtemps, qui a fait désormais des « Tékés » d’Alima, ressortissants de Mboundji, des « Mboshis ».

     

    Daniel NKOUNTA


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    Les Intervenants au Grand Débat

    Nizar AYED

    Avocat à la Cour de Cassation de Tunisie

    Moustapha DICKO

    Ancien Ministre du Mali

    Jean François

    MATEI

    Journaliste, ancien directeur de France soir

    Saïd LARIFOU

    Ancien Candidat à la vice présidence des comores

    Martin ZIGUELE

    Ancien Premier Ministre de Centrafrique

    Bruno 

    MOUBAMBA

    Ministre des Affaires étrangères du Gabon libre( Mba Obame)

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    Patrick TREBALAG

    (Madagascar)

    Consultant Expert en nouvelles technologies

    Modérateur du Grand Débat sur la Tribalité

    Vous pourrez acheter le Livre Blanc le 26 mars 2011 au Palais Bourbon au Prix de 10€

    Vous pouvez discuter sur le thème du débat sur le forum de discussion sur la colonne de droite

    Pourquoi un Livre Blanc sur la Tribalité?

    Lire la contribution de Christian Mayandzi

    Lire la contribution de Georges NTSIBA

     
    Rapport du Secours catholique sur la gestion du Pétrole au Congo-Brazzaville
    Ce que pensait Pascal Lissouba

    Kovalin Tchibinda Kouangou

    Initiateur et Organisateur

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  • Par Daniel NKOUTA « Tant que les lions n’auront pas leur propre historien, les histoires de chasse tourneront toujours à la gloire du chasseur », dit un proverbe africain.

     

    Le 28 septembre 1958, le Moyen-Congo, l’un des quatre Territoires de l’Afrique Equatoriale Française (A.E.F.) avec le Gabon, l’Oubangui-Chari et le Tchad, devenait la République du Congo. Le 15 août 1960, soit deux ans plus tard, cet ancien Territoire français accédait à la souveraineté internationale. Fulbert YOULOU, fils du Pool-koongo est alors élu Premier Président de la République, Maire de Brazzaville. Le 15 août 1963, à la suite d’un soulèvement populaire manipulé par les syndicalistes marxisants, Fulbert YOULOU est renversé pour être remplacé par Alphonse MASSAMBA ma NDEBANI un autre fils du Pool-koongo. Il sera à son tour victime d’un coup d’Etat en Juillet 1969, orchestré par des comploteurs nordistes au sein du Mouvement National de la Révolution (M.N.R.), conduits par Edouard Ambroïse Noumazalaye, un aventurier qui, après un long séjour d’études en France, n’y a ramené aucun diplôme, hormis sa ‘’complotite’’. Alphonse MASSAMBA ma NDEBANI aura comme successeur le Commandant Marien NGOUABI, un Officier originaire de la Cuvette. C’est la période de l’inauguration de la médiocrité, la descente aux enfers pour le Congo qui, sous la gouvernance de ses prédécesseurs était voué à un avenir radieux.

     

    En cinquante années d’indépendance, le Nord aura régné sans partage pendant quasiment quatre décennies. La lecture du bilan de cette période la plus triste de notre histoire, ainsi que je l’ai déjà écrit, se caractérise par le fait que, le Nord qui n’a pu produire autre chose que des régimes militaires, a fait montre d’une impéritie suffisante dont le seul mérite a été d’avoir écrêté le patrimoine commun et la consomption de la méritocratie, installant la médiocrité comme vertu cardinale à tous les niveaux.

     

    Pendant ce demi-siècle d’indépendance et de cohabitation douloureuse et forcée, on a tout dit sur les Koongo : comploteurs irréductibles contre le pouvoir établi, réactionnaires, intégristes, arrogants, fanatiques, messianistes, tribalistes ; rien n’a été épargné à ce peuple. Les envieux du Nord au Sud, car il y en a eu partout, ont brandi l’épouvantail, les ignorants ont laissé libre cours à leurs phantasmes. Toutes ces épithètes ont été brandies en chuchotant bien sûr car, devant la prestation élogieuse de Fulbert YOULOU et celle de Alphonse MASSAMBA ma NDEBANI, face au cycle dévastateur du pouvoir du Nord, comparaison qui démontre ceux qui ont travaillé et ceux qui ont détruit, on n’a jamais pu nous insulter à haute voix.

    Dans l’Avant-propos du compte-rendu de la gestion des 40 mois de son premier mandat à la Municipalité de Brazzaville, Fulbert YOULOU écrivait en mars 1960 ce qui suit :

    « La poursuite d’un but, l’accomplissement d’une œuvre exaltent les hommes. S’il entreprend une œuvre humaine, s’il poursuit le but de donner à ses frères plus de bien-être, plus de bonheur, plus de joie de vivre, l’homme est capable de se surpasser et l’histoire chrétienne est riche de miracles engendrés par l’amour. Mais, dans la recherche du bonheur, les moyens sont souvent rarement à la mesure de l’œuvre entreprise et, les difficultés s’accumulant, il arrive que le découragement s’insinue dans les cœurs. Il est alors bon de faire une halte, de souffler. C’est là l’occasion de mesurer le chemin parcouru et à constater l’avancement de l’ouvrage, à mesurer les progrès accomplis, on éprouve une immense satisfaction et le plaisir se raffermit d’aller encore de l’avant ».

    Il y a cinquante ans donc, les circonstances consécutives à l’action coloniale nous ont contraints à une cohabitation entre peuplades du Nord et populations du Sud, dans cet ensemble disparate dénommé par antiphrase : LA NATION CONGOLAISE. Ce 15 août 2010, le moment me semble venu de suivre le sage conseil de Fulbert YOULOU : Il nous faudra faire une halte, et souffler. Ce sera là l’occasion de mesurer le chemin parcouru et constater l’avancement de l’ouvrage, mesurer les progrès accomplis, pour voir si l’on éprouve une immense satisfaction d’avoir cohabité et si le plaisir se raffermit d’aller encore de l’avant.  

    Les cinq décennies dont nous allons célébrer sans gloire l’avènement, montrent que la Nation congolaise telle qu’elle nous est vantée aujourd’hui, est un concept qui a certainement pris quelque liberté avec la réalité. En présentant le concept de Nation dans une acception aussi large, et donc aussi vague que celle d’une communauté d’hommes et de femmes fondée sur le fait qu’une seule et même loi la régit, et en proclamant sans la moindre censure des faits que l’unité des différentes communautés ethniques congolaises se fera sur cette base ; on a, c’est une évidence, empêché la naissance d’un débat centré sur une problématique précise. Le concept de l’idée nationale a subi une interprétation qui a gravement mutilé sa nature réelle. Il s’agit d’une projection inconsciente de notre société dans la description apparemment plus objective, legs du colonialisme.

    Une recherche sur l’idée nationale doit porter sur l’ensemble des représentations au moyen desquelles une société se forge une certaine image de l’homme, de son corps et de ses différents principes spirituels. « L’homme ou l’essence humaine n’est pas une abstraction résidant dans l’individu pris isolément. Dans sa réalité, il est l’ensemble des rapports sociaux », disait Karl Marx. Et Lévy-Bruhl de dire : « L’homme en soi est une fiction. Il est toujours situé dans un cadre culturel historique ». Pour mieux comprendre le comportement de chaque être social, il faut examiner l’environnement social et affectif dans lequel baigne l’enfant.

     

    En effet, formé au dedans de la mère, l’enfant est à parfaire une fois au dehors. Cette tâche commence avec ce que l’enfant va absorber en tout premier lieu, et pendant un long temps : le lait maternel. Le lait est, autant que le sang, transmetteur des qualités et pouvoirs essentiels de la personne. Ici réside d’ailleurs la raison essentielle pour laquelle l’allaitement au lait en poudre est décrié par les traditionnalistes. Ils estiment que l’enfant absorbe avec ce lait les caractéristiques essentielles de la source de ce lait, c’est-à-dire les aptitudes, le tempérament et les caractères d’une vache et animaux divers et inconnus dont le lait se trouve être composé. On donne ainsi à l’enfant, un breuvage dont on ignore à la fois l’origine et les composants. Durant les neuf mois de gestation, la mère fera passer par le sein à l’enfant ses qualités essentielles de cœur et de d’esprit, qui conditionneront désormais toute la vie de l’enfant. Or, il est vrai que ces qualités essentielles de cœur et d’esprit sont loin d’être les mêmes au Nord et au Sud, car déjà, nos régimes alimentaires, nos conditions de vie sont si différentes. Ceci explique cela.

    Il est donc intellectuellement décent et sociologiquement correct, qu’en prenant pour point de départ le sens originel de la tradition et en considérant nos diverses qualités essentielles, l’on évitera assurément le risque de se cloîtrer dans une problématique d’inspiration complètement allogène à notre mode de pensée. L’idée nationale congolaise ne se bâtira qu’avec les matériaux disponibles sur le terrain et non par ce verbiage de la scolastique décadente, qui nous suggère depuis 1958, une Nation scoliotique. La problématique spécifique liée au concept de la Nation propre à l’aire culturelle négro-africaine existe ; il faut simplement la dégager sans hypocrisie réciproque et en termes précis, afin de la proposer comme thème pour une réflexion sur l’organisation sociale de notre pays. Espérer une Nation par cette combinaison allergénique d’ethnies différentes, c’est véritablement procéder autrement et courir le risque de proposer un débat autour d’un faux problème, se situant très en deçà de l’étiage de l’espérance logique de notre collectivité sociale ; c’est mentir proprement.

    Posons courageusement cette question nationale dès maintenant, sans craindre d’être étiqueté comme tribaliste. Il s’agit d’un débat sociologique, ce qui se passe devant nous nous interpelle. C’est le cas de la Force publique, l’Institution la plus tribalisée du pays, et l’on a beau dénoncer cela ; pour SASSOU, le chien aboie, la caravane passe. Ce que nous ignorons dans le Sud par exemple, c’est qu’après avoir officiellement dissous les Milices armées, les Cobras ont pour la plupart eux, été reversés à l’Armée et dans la Police, et si l’on a ramassé les armes dans le Sud, le Nord demeure très fortement armé, jusqu’y compris dans les Quartiers Nord de Brazzaville, et la ville de Pointe-Noire n’est pas épargnée. Tout est mis en œuvre pour fabriquer d’autres Milices armées sous le couvert de la loi. Tel est le cas du stage de formation militaire qui vient d’être organisé pendant 45 jours, au Centre d’instruction de Kouala-Kouala, au profit de 172 Douaniers, dont la diffusion de la liste pourrait nous édifier. La Cérémonie de clôture a été patronnée par le Colonel Gibert BOKEMBA, originaire probablement de BOKO, commandant la Zone de défense n°9, commandant la 40eme Brigade d’Infanterie, en présence de Jean-Alfred ONANGA, Originaire certainement de KAKAMOUEKA, Directeur Général des Douanes et des droits indirects.

     

    La promotion sortie de ce stage a été baptisée : « CHEMIN D’AVENIR », pour caractériser l’ancrage des Douanes pourtant Service public, au Parti Congolais du Travail. Mais plus significatif de l’état de notre Etat, irrespectueux des valeurs républicaines, qui s’est pourtant donnée le français comme langue officielle, (que chacun mettre sa ceinture de sécurité), tant l’information est une véritable zone de turbulences, le deuxième module du fameux stage des Douaniers a été intitulé : « OBARA-DZORO » qui voudrait dire, semble-t-il « savoir se protéger ou se mettre à l’abri ». Nous revenons à l’époque de « KIA NGUE WO » ! A un ami Français qui m’a demandé de quelle langue s’agit-il. J’ai simplement répondu, que s’agissant des Douanes, Service étatique, ce ne peut être que du français langue officielle. Voilà la République dont nous allons célébrer le cinquantenaire de l’indépendance !

    Que ceux qui blâment mon approche réputée tribaliste et dangereuse pour l’unité nationale, trouvent une justification à cette mutilation des valeurs républicaines. En ayant refusé depuis 50 ans d’aborder courageusement et franchement cette question sur la formation de la nation, nous avons crée la possibilité que 50 ans plus tard, le Nord qui a accaparé le pays, nous le présente aujourd’hui avec un électroencéphalogramme plat.

     

    Ainsi va le Congo droit en ENFER !


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  • Tribu et ethnie sont des termes souvent employés l'un pour l'autre, un peu comme fleuve et rivière, dans le sens approximatif d'un ensemble de personnes qui se reconnaissent issues d'un même ancêtre ou qui ont en commun un même système de valeurs, une même culture, comportant souvent une même langue, et un territoire, parfois  symbolique.

    Mais ces définitions s'avèrent insuffisantes dès qu'on veut les appliquer à la réalité.

    Au cours de cinquante dernières années des consciences nationales se sont développées en Afrique, mais le langage des ethnies y reste aussi mobilisateur.

    Notre propos est essentiellement d'aider à comprendre comment peuvent s'articuler pacifiquement les diverses identités sociales et quelles sont les possibilités de leur transformation.

    Même si on se base sur les notions les plus objectives de la parenté, de la langue et du territoire, les difficultés sont considérables. Tous les membres d'une tribu sont en général supposés descendre d'un ancêtre commun, au moins symboliquement. Mais, il y a des ethnies qui ne possèdent pas de terres là où elles vivent et il y en a qui dominent dans des régions où elles ne sont pas majoritaires. Une langue peut, par ailleurs, être parlée par plusieurs tribus et il y a des tribus qui s'étendent sur les régions où l'on parle des langues différentes. L'expérience montre qu'il faut l'intervention d'une autorité commune pour qu'un dialecte particulier s'impose à tous les membres d'une population.

    Des constructions

    Depuis l'indépendance, un effort a été déployé pour montrer que le Congo n'est pas un émiettement de 450 tribus. La Carte linguistique du Zaïre, préparée par une équipe de linguistes congolais en 1983, distingue seulement 212 langues en République Démocratique du Congo, dont 34 non bantoues, oubanguiennes ou nilo-sahariennes.

    Tous les auteurs qui ont essayé d'établir la carte ethnique du Congo ont abouti à la conclusion qu'aucune définition ne permet de classer de façon univoque toutes les populations du pays. Les noms ethniques ont des provenances extrêmement variables. Il y a ainsi beaucoup de Bena, c'est-à-dire de "gens de", ou de Bakwa, c'est-à-dire de "gens de chez", auxquelles correspondent diverses expressions dans d'autres langues pour désigner des populations par référence à un nom de chef ou de lieu. Ces dénominations sont parfois anciennes, mais il s'en est créé à toutes les époques et il s'en crée encore.

     A la question qu'est-ce qu'une ethnie, il faut dès lors oser répondre que c'est une construction, sur des bases diverses, par des stratégies sociales, qui définissent des zones de solidarité et de conflit. Mais elles ne sont pas une simple traduction du présent. Elles sont des constructions historiques, que chaque génération contribue à définir sans pouvoir les réinventer totalement.

    Le simple fait de parler d'ethnies n'est, par ailleurs, pas innocent. Étymologiquement, le mot vient du grec et signifie peuple. Mais il a pris une résonance particulière à l'époque coloniale. Jan Vansina nous semble avoir trouvé une formule heureuse pour exprimer les transformations imposées par la colonisation, à une réalité plus ancienne: Le tribalisme est l'invention d'une nouvelle ethnicité à l'époque coloniale. Il a fractionné les ethnies en chefferies et groupements pour les dominer. Selon l'avis du même auteur, la période pré-coloniale ne connaissait pas l'isolement des sociétés imposé par les frontières politiques et administratives introduites par la colonisation. Les mondes lunda et swahili, par exemple, étaient très vastes et les voyages des explorateurs démontrent qu'il existait de multiples routes commerciales à travers toute l'Afrique centrale. L'époque coloniale établit, par ailleurs, les frontières naturelles actuelles, dans lesquelles les ethnies doivent aujourd'hui s'intégrer.

    On est marqué

    Une part croissante de la population vit dans les villes, qui sont toutes interethniques. Nous estimons qu'il y a aujourd'hui une vingtaine de villes de plus de 100.000 habitants en RDC et au moins 45 autres de 25 à 100.000 habitants. Elles regroupent un peu plus de 25% de la population du pays.

     Nous observons en outre que beaucoup et spécialement les jeunes souhaitent échapper à l'emprise des coutumes et des aînés de leur tribu. En 1967, 10.9 % des ménages congolais de Kinshasa étaient constitués de conjoints de tribus différentes. En 1975, ce pourcentage était passé à 16.0 %. Dans une enquête de 1998 réalisée dans une commune modeste de la ville, 65.7 % des personnes interrogées ont estimé que c'était un avantage de se marier avec quelqu'un d'une autre région que soi.

    Mais les ethnies sont une réalité qu'on ne peut ignorer si on veut comprendre nos sociétés. Tout ce qui touche à l'identité est mobilisateur. Il n'est donc pas indifférent de se définir de l'une ou de l'autre façon.

     Fondamentalement, l'humanité est une et chacun peut reprendre l'affirmation de Térence, un sage de l'Antiquité, "rien de ce qui est humain ne m'est étranger". Mais chacun de nous est marqué par ses premières expériences. Celles-ci sont cependant multiples. Chaque personne est ainsi un faisceau d'identités sociales, dont l'unité est établie par une hiérarchisation, qui varie suivant les domaines et suivant les époques. Les guerres de religion ont fait rage au moment où l'appartenance religieuse primait sur les nationalités. Des sympathies sportives ou des engagements religieux peuvent aussi unir plus ou moins profondément des personnes par ailleurs opposées les unes aux autres.

    De plus, l'homme étant un être dynamique, les identités qu'il se donne le sont aussi. Les divers immigrés des États-Unis ont aujourd'hui une conscience nationale forte. La victoire de la France à la coupe du monde de football avec une équipe faite de joueurs de provenances diverses a fait rêver d'une communauté nationale ouverte et intégrative.

    Les fondateurs de la Communauté Économique Européenne ont voulu que des pays qui pendant plus de mille ans s'étaient considérés comme ennemis se perçoivent désormais comme des partenaires obligés d'un même destin. Une identité européenne est en train de naître, par dessus les nationalités qui s'étaient elles-mêmes développées au cours des temps modernes.

     En Afrique, des nations se forgent et rien n'impose que les rivalités traditionnelles entre certaines ethnies les empêchent aujourd'hui de s'allier pour la poursuite d'objectifs communs. Cheikh Anta Diop disait à propos de sa propre ethnie: On devient Wolof tous les jours.

    « Des forces positives »

     

    On sait que toute société, loin d'être un ensemble monolithique, est une réalité très complexe, liée aussi aux systèmes de valeurs que chacun porte en soi. Une identité sociale, plus encore qu'une histoire, est ainsi un projet que chacun doit réaliser en union avec tous ceux qui ont la même identité.

     Les ethnies sont une force sociale d'intégration, quand elles invitent leurs membres à s'inscrire dans des actions collectives d'auto-promotion, de réflexion critique et de négociation. Elles deviennent particularistes et destructrices, quand elles privilégient les solidarités particulières au détriment des intérêts communs. Car il y a aujourd'hui des objectifs qui ne peuvent être poursuivis qu'au niveau national. Il importe dès lors d'articuler les identités ethniques avec la conscience nationale, dans le respect des mêmes droits et obligations pour tous les nationaux.

    Dans le cas de la République Démocratique du Congo, et sans doute dans la plupart des pays, l'examen de la carte ethnique établit qu'une division satisfaisante des unités administratives est impossible sur base ethnique. Plus de la moitié de la population appartient à des groupes qui n'ont pas de territoires propres tant soit peu étendus et toutes les ethnies ont des enclaves et des zones de cohabitation.

    L'administration coloniale qui avait dans les années 1920 tenté la constitution de circonscriptions et même de territoires portant le nom d'une tribu y a rapidement renoncé devant les problèmes qui en résultaient. L'identité ethnique ne peut dès lors être prônée comme une nationalité. Ses représentants peuvent influencer la gestion de l'État en fonction de son système de valeurs et de ses intérêts, mais ils ne peuvent prétendre imposer seuls les orientations de l'État. L'État, plus encore que ses provinces, est aujourd'hui toujours multiethnique.

    Pour survivre, les autorités ethniques doivent entrer dans le mouvement général de conscientisation et de participation pluraliste. A ce prix, les ethnies et les tribus peuvent être des forces positives dans le tissu de la vie sociale. C'est ce que nous leur souhaitons.

    Léon de SAINT MOULIN s.j. Directeur du CEPAS

    (Centre d'Etudes Pour l'Action Sociale)


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